Selon le rapport Pisani-Ferry publié le 22 mai 2023, le coût faramineux de l’adaptation aux objectifs environnementaux serait de 250 à 300 milliards d’euros de dette cumulées en 2030, soit 66 milliards par an. Pour l’Union européenne, le montant du financement de la TEE serait de 400 milliards de dollars par an (100 milliards environ pour la France) et environ 3 % du PIB.
Les Institutions européennes prévoient de mobiliser plus de 372 milliards d’euros d’ici 2027 pour promouvoir la réindustrialisation verte en Europe et visent à fournir plus de 26 milliards d’euros de garanties aux intermédiaires financiers dans toute l’Europe, chaque pays apportant sa contribution, afin d’aider les bénéficiaires à obtenir des prêts plus facilement ou à de meilleures conditions auprès des banques et d’autres bailleurs de fonds.
Les émissions durables devraient continuer d’être soutenues par les politiques sur le climat, l’appétit des investisseurs et la réglementation sur la publication des informations ESG.
Nous pensons que les émissions durables atteindront environ 820 milliards d’euros, portées principalement par les institutions financières et supranationales. Aucun changement majeur n’est attendu en termes de mix produits ESG, où les obligations vertes devraient conserver la part du lion (environ 60 % du total) et les obligations liées au développement durable devraient enregistrer une progression modeste pour atteindre 10 % en 2024.
Les informations sur l’alignement de la taxonomie à venir pour les gestionnaires d’actifs, les banques qui vont augmenter leurs investissements durables ainsi que les rapports des entreprises sur l’éligibilité aux autres critères de la taxonomie pourraient apporter de la diversification sur le marché des obligations vertes.
Le recours à ces solutions de financement sera d’autant plus utile que les prévisions économiques nationales et donc pour les entreprises anticipent un resserrement des conditions d’octroi des crédits classiques.
Même si un nombre croissant d’entreprises s’engage dans une démarche NetZero, le ralentissement de la croissance économique, l’inflation et l’érosion du pouvoir d’achat ont créé un climat plus complexe pour les investissements durables. Les taux d’intérêt élevés, le coût des composants et les perturbations des chaînes d’approvisionnement ont pénalisé les projets verts, notamment dans les énergies renouvelables.
Dans ce contexte macroéconomique, la différenciation des stratégies des entreprises, reflétée par des priorités divergentes en matière d’allocation du capital dans les secteurs les plus exposés, devrait de nouveau jouer à plein et se refléter davantage dans la valorisation des entreprises ainsi que dans les coûts de financement.
De plus, les tensions géopolitiques potentielles avec la Chine pourraient compliquer davantage l’équation, car les importations (bon marché) de technologies vertes sont importantes pour accélérer la transition écologique de l’UE, ce qui nécessite un effort d’ici 2030 sans commune mesure avec les tendances observées par le passé.
Aussi bien, ce dossier s’attachera à aborder à la fois des éléments académiques et techniques et des exemples pratiques.
Il s’agira de présenter les solutions de financement bancaire (crédit et lignes de crédit) et de marché (titres de créances référencés sur les investissements d’amélioration de la soutenabilité ESG des entreprises) et de savoir pourquoi la RSE et la transition écologique et environnementale est structurante dans le développement des entreprises ?
Un point sera fait sur la réglementation CSRD et sa mise en œuvre avec une gestion de projet précise avec Esker. Puis, seront présentés des éléments d’une « Balanced scorecard verte » pour piloter le développement durable d’entreprise, mettre en œuvre des KPI liés à CSDR et ESRS et à leur mode de reporting. Le nécessaire rôle des financiers et contrôleurs de gestion dans la mesure extra-financière du groupe Air France sera développé. Un point essentiel à mentionner a trait à la difficulté de la capture et du traitement des données extra-financières pour l’alimentation des KPI extra-financiers ; la charge est souvent sous-estimée comme le montre l’article sur la balanced scorecard verte. Le dossier posera la problématique des notations financière et extra-financière, leur simplification et apportera des éléments de réflexion sur ce qu’il reste à faire. Le dossier présente également, une contribution académique sur la rentabilité des investissements ESG alors que ce thème est devenu – négativement – très prégnant aux États-Unis depuis le premier trimestre 2024. Enfin, une PME de 100 personnes sous LBO présentera son projet d’entreprise à cet égard pour répondre aux demandes des investisseurs actuels et futurs.
Notons enfin que la Commission européenne s’est engagée mercredi 10 avril 2024 à renforcer ses actions pour répondre aux difficultés que rencontrent les entreprises dans la mise en œuvre de la transition verte. Plusieurs pistes de réflexion visent à améliorer la mise en œuvre de ses politiques climatiques, fruit de discussions avec l’industrie et les partenaires sociaux européens, ces derniers mois.
Ces échanges, menés dans le cadre des « dialogues sur la transition propre » lancés en 2023, ont vocation à aider l’industrie à élaborer ses modèles économiques de décarbonation, alors que l’UE vise à atteindre la neutralité carbone en 2050.
Cela suppose de profonds changements dans l’industrie et l’application de multiples textes législatifs européens par les Etats membres. L’UE a d’ores et déjà promis de faire baisser de 25 % les exigences en matière de reporting ce qui se traduira par plus de 40 actions concrètes.
L’industrie européenne a un rôle fondamental à jouer dans cette transition verte, dans la mesure où le Pacte vert européen est la stratégie de croissance de la Commission.