La Responsabilité Sociale de l’Entreprise (RSE) est un enjeu critique pour les entreprises et donc les directions financières. Ce qu’elle englobe est vaste : les enjeux environnementaux, les enjeux sociaux et les enjeux sociétaux.
Comme toute innovation, la RSE a vécu les trois étapes inhérentes à tout projet tant soit peu novateur : la perception du projet passe de « ridicule » à « dangereux », puis à « évident ». En effet, les pionniers de la RSE n’étaient pas pris au sérieux : ridicules, idéalistes, irréalistes. Ensuite, vu les changements qu’elle implique, elle est devenue dangereuse : source de chômage, de dégradation de nos modes de vie. Aujourd’hui, la RSE est devenue évidente : elle possède ses propres règlementations, elle est source de nouveaux business à forte croissance, elle suscite des innovations majeures.
Cependant, encore aujourd’hui, il y a une vraie marge de progression. Pour les entreprises, le choix se situe entre développer une vraie culture RSE, source de nouvelle croissance, ou d’en rester à un outil de communication sans changer vraiment ce qui est de plus en plus rédhibitoire pour les consommateurs. Que l’Etat et les organisations internationales choisissent ou non d’accompagner ce mouvement, il est maintenant inéluctable, et les entreprises deviennent maintenant des fers de lance, apportant des solutions inimaginables il y a peu. Etats, citoyens, consommateurs et entreprises vont vers un alignement d’intérêts. Par exemple, la pollution dans les grandes villes est avérée, sources de maladie pour les personnes qui sont aussi des consommateurs et des électeurs, de difficultés à recruter pour les entreprises dans les villes trop polluées ou les activités trop polluantes, et de risques de changement politique dans les démocraties où les habitants aspirent à une meilleure qualité de vie. On assiste donc à une accélération de ce mouvement vers la RSE. De même au-delà de l’environnement, les entreprises se sentent de plus en plus responsables de leurs empreintes sociale et sociétale : enrichir le tissu d’activité des bassins d’emploi, s’assurer qu’elles contribuent à plus d’équilibre dans les pays ou régions qu’elles investissent.
L’obligation légale de reporting RSE a été l’occasion de mettre à jour les actions de certaines grandes entreprises cotées qui s’avèrent très avancées sur les sujets RSE. Les sociétés dont les actionnaires sont des fonds d’investissement évoluent : elles font l’objet de due diligence RSE à l’achat, sont accompagnées dans la mise en place d’une politique RSE par beaucoup de fonds et, à la revente, les progrès faits accroissent la valeur de la société.
L’engagement dans la RSE, pour se concrétiser et pour garantir un respect d’une règlementation de plus en plus contraignante, entraîne la mise en place de stratégies, de process et de contrôles, et les financiers d’entreprise y ont leur part. Dans ce domaine, on trouve des entreprises RSE natives, qui se lancent sur des produits ou concepts écoconçus dès le départ. Pour les entreprises plus anciennes, il y a une phase de transition qui peut être délicate à gérer. D’autres entreprises enfin font face à un risque de disparition ou de disruption. La transformation à gérer est majeure. Pour donner du sens à ces changements, un nouvel outil leur est proposé, la définition d’une raison d’être. L’enjeu est de pouvoir faire évoluer l’activité et remplir les missions liées à la RSE en restant dans l’objet social de l’entreprise. Au-delà, au vu des bouleversements en jeu, la question de la responsabilité devient incontournable pour les entreprises. L’enjeu est aussi de remotiver les collaborateurs en donnant du sens à leur entreprise.