L’Open innovation : du financement à la dynamique sociale

L’innovation ouverte à tous

L’innovation a toujours joué un rôle impor tant dans le développement économique, que ce soit à l’échelle d’un pays ou au niveau d’une entreprise. Et celle-ci joue un rôle toujours plus important. Comme l’ont montré Vijay Govindarajan et Anup Srivastava1, deux professeurs du Dartmouth College (New Hampshire), la durée de vie des entreprises introduites en bourse est de plus en plus courte. En analysant lesquels que trente mille entreprises introduites sur les marchés boursiers américains entre 1960 et 2009, ils constatent que les entreprises introduites avant 1970 avaient 92 % de chance de survivre cinq ans après leur introduction, contre seulement 63 % pour celles introduites en bourse entre 2000 et 2009 ! Ils montrent par ailleurs que les entreprises dans les années 60 et 70 avaient une intensité capitalistique beaucoup plus forte avec de lourds investissements physiques (usines, machines…) alors que les entreprises introduites depuis 2000 investissent deux fois plus en capital immatériel (R&D, brevets, personnel…). Cette faible intensité capitalistique est à la fois une force et une faiblesse. D’un côté, elles peuvent être lancées plus facilement du fait de leurs faibles infrastructures et de leur plus grande agilité, de l’autre elles doivent innover sans cesse pour perdurer.

L’innovation est une nécessité, mais c’est une dynamique difficile à maintenir au fil du temps, car cela suppose une remise en cause constante de ce qui est stabilisé dans l’organisation. Il est souvent difficile de sortir de ses propres schémas pour innover. D’où le recours à l’innovation ouverte qui passe par le développement de méthodes créatives et coopératives au sein des entreprises, et par le recours aux coopérations entre entreprises. Ces échanges entre grandes entreprises et jeunes pousses peuvent être à l’origine d’accords gagnant-gagnant : aider une entreprise installée à se renouveler d’une part, et soutenir une start-up dans son développement.

L’Open Innovation peut prendre la forme de lab interne ou externe, à l’image du Square lancé par Renault-Nissan permettant la coopération sur un projet entre une grande entreprise et des start-ups. Elle peut également passer par de la prise de participation minoritaire ou majoritaire dans des start-ups soit en direct, soit via des fonds d’investissement comme le fait La Poste ou certains groupes de presse.

Mais l’Open Innovation peut également se faire au travers de dispositifs mobilisant moins de fonds. Il est par exemple possible de développer des partenariats de distribution ou de codévelopper des produits. Enfin, le dispositif des « start-ups d’État » avec l’exemple des « Classes à 12 » nous montre que même au sein de grandes administrations, il est possible de faire bouger les lignes en s’inspirant des modes de fonctionnement des start-ups.

Quels que soient sa forme, sa taille ou son secteur d’activité, une organisation peut trouver un dispositif d’innovation ouverte adapté, pour être en veille sur son marché, développer de nouveaux produits ou services, questionner ses fondamentaux, renouveler son business model et préparer son avenir.