voL’échéance de 2012 approche, la démagogie coule à flots ! Nous avons appris, mercredi 13 avril par l’intermédiaire de François Baroin, que le Gouvernement envisageait d’obliger toutes les entreprises qui distribuent des dividendes à leurs actionnaires à verser une prime de 1 000 € à leurs salariés.
L’argument mis en avant : une égalité de traitement entre salariés et actionnaires, car « s’il y a une prime (sic) pour les actionnaires, il doit y en avoir une pour les salariés », lançait la semaine dernière Nicolas Sarkozy.

Sans nous prononcer sur le caractère social ou non d’un tel projet, posons-nous quelques questions (économiques, financières et managériales) :

  1. Qui expliquera un jour aux Français que la distribution de dividendes n’est qu’un mode de répartition du bénéfice net, lequel est calculé après versement des salaires et primes diverses ? (Il serait intéressant à ce sujet de décortiquer le mécanisme qu’il faudra imaginer pour arriver à la solution proposée). Un cadre légal existe déjà : la participation. Pourquoi en rajouter ?
  2. « Quid » des salariés étrangers qui travaillent pour les groupes français sur lesquels pèsera cette nouvelle obligation ?
  3. Pourquoi ne pas prendre en compte le paysage très contrasté des sociétés cotées du point de vue du rendement1 servi aux actionnaires, qui va de 1 % pour Hermès et 1,9% pour LVMH – les plus généreux ne sont toujours pas ceux que l’on pense –, à 8,8 % pour France Télécom, en passant par 2,4 % pour l’Air Liquide et 4,4% pour Axa ? En clair, après les salaires indécents, existerait-il un taux de rendement indécent ? Faut-il le plafonner, ou encore limiter le payout ratio (un pourcentage du bénéfice net versé en dividendes), aujourd’hui aux alentours de 45-50 % ?
  4. Quelqu’un pourra-t-il un jour nous expliquer comment les jeunes sociétés (qui sont en général très limitées en cash) peuvent lever des fonds sans avoir la liberté de verser (ou non) des dividendes à leurs bailleurs de fonds, et sans pouvoir accorder de stock-options (déjà diabolisées) à leurs jeunes ingénieurs et cadres ? Où est la liberté de gestion ?

Il est vrai que l’entrepreneur-patron se trouve aujourd’hui classé en pole position dans la hiérarchie des êtres malveillants dans l’imaginaire sociologique des Français… avant l’actionnaire-investisseur et le propriétaire foncier ! Alors quand il lui arrive d’être les trois à la fois…

 

1. Les chiffres de rendement cités sont ceux du rendement sur résultats 2010.