L’excellent blog du Peterson Institute for International Economics (PIIE) publie un formidable billet  sous la plume de Chad P. Bown, Euijin Jung et Eva (Yiwen) Zhang. Son titre dit tout, et avec humour : « Trump Has Gotten China to Lower Its Tariffs. Just Toward Everyone Else.” Traduction : Trump a réussi son coup : il pousse les Chinois à baisser leurs droits de douane, mais envers tous les autres.

Eh oui ! Une guerre commerciale, comme toute guerre, n’est jamais simple. Il n’y a pas que deux acteurs en lice, les États-Unis et la Chine. Il y a les autres pays. Trump tente assez maladroitement de gérer son calendrier et de prendre chacun des partenaires commerciaux des États-Unis tour à tour : en ce moment, il concentre le tir sur la Chine, et remise à plus tard la bagarre envers l’Allemagne et son industrie automobile ou envers le vilain Mexique, avec lequel, après un coup de menton, il se dépêche de signer un accord qui ne fait rien de plus pour le Mexique que de signer un document déjà signé il y a six mois. Jusqu’ici, la technique du « curiaçage » semble marcher : personne ne semble montrer des velléités d’une coalition. Les Allemands espèrent, les fesses serrées, qu’on ne touchera pas à leurs voitures. L’UE ne cherche en aucune façon une alliance avec la Chine, etc.

Mais les Chinois ne restent pas les deux pieds dans le même sabot, nous dit le billet du PIIE. C’est ce que montre le graphique : ils montent leurs droits de douane envers les États-Unis, mais les baissent, encore modérément, vis-à-vis de tous les autres pays. Coup double !

Le graphique rappelle utilement toutes les étapes dans ce bras de fer. On en lira le détail dans le billet cité.

Pour répliquer à cet habile mouvement du cavalier, il faudrait, face à l’échiquier, que Trump réplique en baissant symétriquement les droits de douane américains vis-à-vis de l’Europe et des autres pays. Mais ça lui est interdit, sauf à se couvrir de ridicule.

Les auteurs notent qu’une telle baisse des droits pour les autres minimise aussi l’impact sur leur économie du rationnement imposé par les Américains. Ils notent enfin que la discrimination tarifaire ne va pas contre les règles de l’OMC, ceci tant que l’avantage au profit d’une seule partie ne va pas en dessous d’un niveau plancher de droits.

Le graphique qui suit permet au lecteur de se faire une idée des domaines où les autorités chinoises pénalisent les importations américaines. On épargne ce qui est vital pour le pays, et on cherche à frapper là où c’est sensible, les importations de matières premières, surtout agricoles, facilement disponibles sur le marché mondial, mais douloureuses pour les agriculteurs américains, ou plutôt pour le budget américain sachant les subventions de compensation.