CICE et allègements de cotisations sociales
On renvoie dans ce billet à l’excellente chronique vidéo d’Olivier Passet sur Xerfi. Voir absolument « CICE : divergences patronales et intérêt national ». Et d’une manière générale, on ne peut que recommander à nous lecteurs de s’abonner à Xerfi, un média internet qui diffuse sous forme plaisante de l’excellente information économique.
Que dit Olivier Passet : qu’il y a une sorte de fatalité en France en ce moment à faire compliqué quand on peut faire simple. Et que le Medef, à cause de violentes oppositions internes, met sa bénédiction sur cette complexité.
On songe en effet à supprimer les cotisations sociales familiales qui sont à la charge des employeurs (à 5,25%). Manque de chance, les allégements Fillon existent déjà qui exonèrent les entreprises de ces mêmes cotisations jusqu’à 1 fois le SMIC, avec un rabotage jusqu’à 1,6 fois le SMIC. Les supprimer tout de go revient donc à étendre cette faveur aux entreprises qui emploient plutôt du personnel qualifié, et donc à priver de toute mesure supplémentaire les entreprises à main d’œuvre peu qualifiée. On imagine les voix qui vont s’élever au sein du Medef pour préserver les allégements Fillon et avoir leur part du gâteau de l’allègement de 10 Md€ à venir.
Même dilemme pour le CICE. On avait dénoncé – à raison – la complexité du dispositif lors de sa mise en place : un remboursement sur base des salaires de l’année précédente, jouant donc avec un décalage d’un an, plutôt qu’une réduction immédiate des cotisations sociales, qui joue dans l’immédiat. Détricoter ça est déjà compliqué. De plus, là encore, l’allègement bénéficie surtout aux entreprises de main d’œuvre, cette fois-ci jusqu’à hauteur de 2,5 fois le SMIC. Du coup, poussé par les mêmes intérêts internes, le Medef est en train de doucement s’en accommoder. Emploi plutôt que compétitivité et exportation, ce qui va d’ailleurs dans le sens d’une fraction importante de la gauche socialiste, la compétitivité ayant le tort de ne faire des emplois que demain et non pas aujourd’hui (mais d’en faire beaucoup plus, il faudrait le dire !). Et ce n’est pas les récents résultats électoraux qui vont faire changer d’opinion les députés PS.
Il est donc probable que le futur allégement de charges rajoutera une couche à ce gratin dauphinois, quelque chose comme un allègement jusqu’à disons 3,5X le SMIC. Et en voilà pour la simplicité. Pauvres DRH d’entreprise qui doivent un peu plus barbouiller les feuilles de paie (les salariés ayant déjà de toute façon renoncé à les comprendre) !