Compensation de produits dérivés
Dans un rapport publié en juin 2010 sous l’égide de Paris-Europlace, le haut comité de Place a présenté un livre blanc sur le fonctionnement des marchés de produits dérivés et la compensation en Europe du point de vue des intermédiaires, de la gestion et des entreprises de taille importante.
Or, force est de constater que nombre d’entreprises de taille intermédiaire et de PME, couvrent encore insuffisamment leurs expositions aux risques de marché liés aux conséquences financières de projets industriels ou commerciaux. En général il s’agit principalement de couvertures de change et de taux. Certains risques peuvent être couverts par des combinaisons de produits standards, d’autres peuvent impliquer des montages sur mesure pour des opérations très spécifiques. Cette seconde catégorie d’opérations reste encore souvent en position ouverte, c’est à dire que l’entreprise doit assumer son risque non seulement par manque d’offres de produits de couverture de la part du marché et des intermédiaires, mais aussi en raison d’une technicité insuffisante de leurs services comptables. Or les tâches administratives peuvent être très importantes lorsqu’il s’agit de gérer des portefeuilles importants de produits de gré à gré avec de nombreuses banques comme contreparties :
- la gestion des collatéraux, des appels de marge et de la part inefficace des transactions de couverture
- la collecte des prix de valorisation auprès des contreparties ou des fournisseurs de données Dérivés
- la gestion de la vie des contrats (paiement des échéances de CDS, soultes, …)
- la gestion des relations avec les contreparties
- le règlement des litiges et collecte des confirmations
L’ensemble de ces tâches est très consommateur en ressources humaines et les erreurs peuvent coûter cher.
De plus, la dimension risque de contrepartie et le processus d’appel de marge et de « collatéralisation » deviennent essentiels. L’utilisation de tels instruments, principalement après la crise, est conditionnée par une extrême transparence des produits utilisés, un processus « crédible » afin que les directions générales d’une part et les auditeurs internes et externes d’autre part puissent comprendre et justifier dans le temps la pertinence de la couverture par rapport au risque. Les conditions de valorisation des contrats sont une contrainte essentielle ce qui implique de comprendre les modèles sous jacents et d’arriver à une sorte de prix officiel (les courbes de volatilité ne sont pas suffisantes). Il est donc nécessaire d’avoir accès à des données de prix standardisées permettant des calculs internes opposables. L’utilisation d’une chambre de compensation et le développement de produits standardisés permettraient de réduire sensiblement les risques opérationnels tout en réduisant sensiblement les coûts administratifs liés à ces opérations.
En l’absence du respect de ces conditions il convient de conseiller aux entreprises de ne pas recourir à des produits complexes si elles n’ont pas toutes les compétences administratives en leur sein.
C’est alors que les propositions du groupe de travail prennent leur sens et nous n’en citerons que les trois plus importantes pour les entreprises :
– Envisager la création de chambres de compensation qui permettrait de réduire sensiblement les risques opérationnels et les coûts administratifs liés à ces opérations.
– Mettre en place un système de référence pour tous les contrats de dérivés.
– Etudier la faisabilité d’un processus de valorisation indépendant pour les corporates et superviseurs, ayant accès aux données nécessaires en provenance en particulier des banques à l’origine des instruments concernés
On objectera à bon droit que l’obligation de recourir à des chambres de compensation avec leur couverture de risque de contrepartie à l’aide de collatéraux pourra conduire certaines entreprises à emprunter de l’argent pour financer ces garanties. On ajoutera que la standardisation s’oppose au « cousu-main » et qu’ainsi les utilisateurs ne couvriront pas leur risque de base. On persiflera en rappelant que les produits ad hoc font l’objet de marges importantes et constituent une source de profit importante pour les banques arrangeuses ! Mais, même si l’accès à ces stratégies de couverture n’était réservé, de fait, qu’aux PME ayant de la trésorerie… cela constituerait un progrès par rapport à la situation actuelle !
Dans l’attente de la mise en œuvre de ces propositions, et face à une volatilité élevée des marchés financiers, on doit recommander aux banques de mettre à la disposition des entreprises de taille intermédiaire et des PME, des produits de couverture standardisés liquides autant que faire se pourra, et donc soumis à une salutaire concurrence entre établissements financiers.