Le Comité éditorial de Vox-Fi signale la publication du Consensus BSI Economics de décembre 2017 (4e trimestre 2017, Numéro 12). Le Consensus BSI Economics réalise un sondage auprès d’un panel d’économistes évoluant en France, à l’international et pour des structures publiques, privées, institutionnelles et académiques. Le consensus interroge ces spécialistes sur les problématiques économiques et financières pour identifier les enjeux des prochains mois.

 

Les préoccupations du Consensus 

Ce dernier Consensus de l’année 2017 s’inscrit dans la continuité du précédent numéro : des convictions peu marquées tandis que peu d’évènements présentent une probabilité de réalisation élevée. Les économistes restent ainsi prudents sur une accélération de l’activité économique américaine, qui impliquerait plus de trois hausses des taux directeurs par la Fed l’an prochain et sur un EUR/USD supérieur à 1,20 début 2018. Par ailleurs, les avis restent partagés sur d’éventuelles tensions sur le système bancaire chinois et sur la résilience des devises émergentes au cours des six prochains mois. Enfin, et plus surprenant, 50 % des experts anticipent un cours du Bitcoin durablement supérieur à 10 000 USD. Une conviction contenue mais néanmoins significative sur le caractère disruptif des cryptomonnaies.

 

Les principaux faits saillants

1. Un Consensus en marge de la FED et des principaux établissements financiers

La conjoncture américaine s’est améliorée au second semestre. Ainsi, l’activité économique a accéléré, conduisant la Banque centrale américaine (Fed) a révisé à la hausse ses prévisions à 2,5 % pour 2017 et 2018, tandis que le marché du travail s’est renforcé, aidé par un taux de chômage proche des 4 %. Enfin, l’adoption du projet d’assouplissement fiscal maintient le climat des affaires et l’optimisme des ménages sur leur situation future. En dépit de ce contexte favorable, le consensus reste prudent. Seulement un économiste sur trois considère réaliste l’objectif de croissance économique de 2,5 % pour 2018. Surtout, le scénario d’une normalisation plus rapide du taux directeur par la Fed – c. – à – d . plus de trois hausses par 25 points de base – aurait une probabilité faible de réalisation pour 55 % du panel. L’optimisme reste donc plus contenu que la Fed sur les perspectives d’activité (moins de 2,5 % de croissance), plus modérée que les principaux établissements financiers (4 hausses de taux sont anticipées par les principales banques américaines), mais en ligne avec les marchés financiers puisque les probabilités déduites des futures indiquent deux hausses des taux pour 2018.

 

2. Rien ne semble pouvoir arrêter la reprise en Zone euro

La Zone euro affiche une croissance de 2,6 % en glissement annuel au troisième trimestre 2017, soit un point haut depuis le premier trimestre 2011. Les récentes décisions de la Banque Centrale Européenne (BCE) en matière de réduction des rachats nets d’actifs avaient été largement anticipées par le consensus du trimestre précédent. S’il est désormais clair que la BCE entamera la normalisation de sa politique monétaire en 2018, l’inflation est toujours à la peine. A ce propos, les économistes interrogés sont plus d’un tiers à penser que l’inflation ne décélèrera pas au premier semestre 2018. Les composantes énergétiques de l’inflation pourraient cependant faire légèrement baisser l’inflation sur cette même période. Concernant l’euro, les sondés sont près de 80 % (probabilité moyenne à forte) à penser que la monnaie unique pourrait franchir le seuil symbolique de 1,20 USD dès le premier trimestre 2018. Une telle appréciation aurait un fort impact sur l’allocation d’actifs pour plus d’un sondé sur deux. De plus, ce serait un facteur contraignant pour la conduite de la politique monétaire par la BCE. Aucun consensus clair ne se dégage quant au risque politique qui pèse sur l’Italie à l’approche des élections générales qui se tiendront en mars 2018. Près d’un tiers des sondés pense que ce risque ne devrait pas peser outre mesure sur les rendements obligataires souverains dans l’ensemble de la Zone euro, les impacts sur l’économie mondiale et sur l’allocation d’actifs seraient faibles le cas échéant. Enfin, ces perspectives positives en Zone euro permettent d’envisager des révisions positives de la croissance des bénéfices sur les actions européennes en 2018 : pas de conviction forte ici, mais 83 % des sondés jugent comme au moins moyennement probable cet évènement et seulement 12 % estiment qu’il aura un impact faible sur l’allocation d’actifs.

 

3. Une vigilance accrue dans les pays émergents

Si la croissance chinoise s’est plutôt bien portée en 2017, cette dernière ne repose pas que sur des fondamentaux solides, notamment un système bancaire exposé à un durcissement des conditions financières, tandis que les marges de manœuvre sur le plan budgétaire semblent plus réduites qu’elles n’y paraissaient. A cet effet, seulement 13 % des économistes de ce Consensus estiment comme faible la probabilité d’assister à un retour de tensions sur le système bancaire en 2018. Un tel évènement aurait un impact significatif sur la croissance mondiale pour près de 60 % des interrogés. Si la majorité des économistes du précédent numéro du Consensus s’accordait sur la résilience des devises émergentes pour 2017, aucune conviction marquée n’est observée sur le sujet pour le premier semestre de l’année 2018. Les remontées des taux d’intérêt aux Etats -Unis pourraient en effet provoquer des sorties de capitaux sous forme d’investissements de portefeuille courant 2018 au sein des économies émergentes. La vigilance restera également de mise chez les pays producteurs de pétrole et pas uniquement sur leur change En effet, le respect des objectifs de baisse de la production de pétrole, qui induirait une potentielle hausse des cours, ne semble pas attendu par les économistes sondés (seulement 25 % considérant ce scénario comme fortement probable).