Deuxième et dernière journée du décathlon olympique, la médaille d’or est en vue. Mais la compétition fait rage : Assurancecredix, Caius Tauxfix, Boursicotix et Julius Lebanquiersansrix espèrent bien forcer DAFIX à la reddition sans condition.

 

Nous sommes en juillet 2012 après Jésus-Christ. Toute l’Europe est secouée par une crise économique et financière sans précédent… Laissée par les autres protagonistes mondiaux, que sont les États-Unis et la Chine, aux mains des spéculateurs, l’Europe résiste. Pas toujours unie, sujette à d’intenses traquenards politiques, une population d’irréductibles directeurs financiers résiste encore et toujours à la crise économique. Et la vie quotidienne de DAFIX, notre directeur financier, n’est pas toujours facile face aux violentes attaques des marchés financiers sur les différentes tribus européennes.

 

La première journée de compétition de DAFIX s’est très bien déroulée : il a su négocier un allongement de la maturité de sa dette avec Lebanquiersansrix, il a réduit son exposition au risque pays avec Assurancecredix, il a maté Caius Tauxfix grâce à son excédent de cash disponible ; mais son plus farouche adversaire Boursicotix est aux aguets, il guette sa proie, il attend la moindre erreur de communication ou de stratégie financière pour lui faire mettre un genou à terre. Dans cette compétition qui consacrera le plus fort sur la durée, le plus agile dans la communication, le plus intelligent dans le dosage de l’effort à fournir, tous les coups sont permis…

 

Les actions entreprises lors de sa qualification :

1. Réappréciez en permanence vos risques stratégiques et opérationnels, pour les couvrir et vous adapter ;

2. améliorez votre productivité en réduisant les frais variables ou fixes et en raccourcissant les cycles d’exploitation ;

3. réduisez encore le besoin en fonds de roulement (en prenant toutefois garde à préserver la qualité de votre écosystème), notamment dans les pays à risque (diffusez plus largement la culture du cash dans votre entreprise) ;

4. protégez vos cashflows opérationnels, notamment avec des couvertures de change ;

5. favorisez la diversification vers des activités non corrélées (idem pour la diversification géographique).

 

Puis, lors de la première journée de compétition :

6. Étendez votre passif en allongeant la maturité de votre dette autant que possible ;

7. endettez-vous uniquement pour des projets stratégiques ;

8. conservez en permanence du cash disponible pour faire face aux imprévus ou pour saisir des opportunités ;

9. coupez les lignes de crédit sur les pays non couverts par l’assurance-crédit ;

10. centralisez la gestion de trésorerie dans une devise dans ou hors de la zone euro.

 

Tous ont permis à DAFIX d’aborder la 2e journée en tête. Mais un décathlon nécessite une surveillance de tous les instants, une alimentation régulière pour éviter la fringale, une motivation de tous les instants dans l’adversité pour l’utilisation de toutes ses ressources musculaires et intellectuelles pour atteindre la performance financière globale. Voici les derniers conseils de son entraîneur pour cette deuxième et dernière journée de compétition :

 

11. Prévoir dans vos contrats internationaux des clauses spécifiques en cas de sortie ou d’éclatement de la zone euro (y-compris, en cas de litige, des clauses d’attribution de compétence) : vous avez l’habitude de le faire dans les contrats internationaux en monnaie étrangère… Sans vouloir considérer l’euro comme une devise étrangère, ne perdez pas de vue vos réflexes de prudence, de bonne gestion et votre sens de l’anticipation des risques.

12. Faites appel au marché plutôt qu’aux banques (le crédit crunch est inévitable compte tenu de la surenchère prudentielle, de l’insuffisance des fonds propres des banques européennes et du deleveraging auquel nous sommes collectivement condamnés pour de nombreuses années) : entre deux maux, lequel choisir ? Sachez rester opportuniste, mais aussi réaliste. Anticipez sur le marché lorsque vous êtes en bonne position de le faire. Beaucoup d’argent y est disponible, mais il faut qu’il ait encore la possibilité et l’opportunité de s’adresser à vous. La rareté du crédit consécutif à des normes prudentielles, à des prises de risques limitées ou des erreurs dans des actions spéculatives peuvent freiner votre développement. Prenez le leadership sur les banques et le marché !

 

13. Renforcez vos fonds propres (nous entrons dans une économie d’épargne préalable), notamment en vous autofinançant et en faisant appel au capital contingent (par exemple obligations transformables en capital si nécessaire) : c’est le propre de toute précaution dans des périodes difficiles. Structurez vos fonds propres au mieux de vos intérêts avec l’aide de vos actionnaires. Renforcer votre structure bilancielle, c’est aussi protéger votre actionnariat lorsque l’effort concurrentiel ou conjoncturel nécessite des investissements immédiats.

14. Axez la priorité opérationnelle sur l’investissement stratégique, l’innovation, l’exportation et les pays émergents et intégrez l’implantation hors de l’hexagone dans vos réflexions (pays émergents en particulier) : c’est le dilemme de DAFIX, il est en tête, il doit gérer son avance, mais il doit maintenir la pression sur ses concurrents directs. Le choix est difficile, mais il faut se fixer les bonnes priorités : innovation pour le long terme, exportation pour élargir ses marchés, présence près des marchés, choisir ses bonnes destinations…

 

15. Ne tentez pas de fourguer une partie de vos dettes hors bilan (ou dans une structure de défaisance) et soyez transparent dans votre communication financière – mentionnez vos engagements, vos risques et dépréciez vos actifs surévalués (goodwill=bad et réciproquement) : c’est la touche finale, la confiance que vous affichez face à vos adversaires. Votre bilan est sain, pas de mauvaises nouvelles qui déstabilisent votre crédibilité, pas de dopage, vous avez une éthique olympique à toute épreuve…

 

DAFIX a finalement su éviter tous les pièges, gérer toutes les faiblesses passagères de son organisme et son stress, s’alimenter correctement ni trop ni pas assez, impressionner ses adversaires par son sérieux, son calme et sa maîtrise des imprévus et prendre les précautions mais aussi les risques nécessaires à sa victoire.

 

Et c’est sous la couverture étoilée de l’entreprise victorieuse que DAFIX fête joyeusement le financement et le développement de son entreprise lors du traditionnel banquet de la victoire…