Le graphique de la semaine est tiré d’un papier publié récemment par Carmen Reinhart dans Project Syndicate (un site hautement recommandé !), papier qu’elle intitule finement « Addicted to Dollars ». En rouge, la part du PIB des États-Unis dans le PIB mondial, ceci depuis 1950. Sans surprise, en déclin, en raison de la montée bienvenue des économies émergentes, l’Europe jusque dans les années 70, la Chine à compter des années 90. On note quand même le plateau enregistré entre 1975 et 1998, avec la crise de la dette latino-américaine, puis la crise asiatique, et surtout le décrochage du dollar à compter de 1973. En vert, la part des pays dont la monnaie est accrochée (« peg ») au dollar.

En bref, le dollar est toujours plus utilisé (et notamment l’euro rétrocède depuis quelque temps dans les échanges mondiaux) alors que le sous-jacent du dollar, si l’on peut dire, à savoir l’économie américaine, a un poids moins important.

 

 

La conséquence est qu’il y a une demande croissante de dollars pour faciliter les échanges et donc une pression croissante (en proportion de leur économie) pour que les États-Unis se spécialisent dans la production de ce bien si demandé qu’est le dollar. Comment produit-on du dollar ? La seule grande façon est d’entretenir un déficit de la balance courante américaine, c’est-à-dire de fabriquer du crédit commercial en dollars que font les pays étrangers aux États-Unis. Et le déficit de la balance courante va souvent de pair avec un déficit du budget de l’État.

Pas facile donc d’inverser le cours des choses, nous dit Reinhart, quoi qu’en veuille Donald Trump. Il faudrait une dévaluation violente du dollar, comme dans les années 70, qui ferait peut-être émerger d’autres monnaies de réserve, mais qui aurait comme conséquence géopolitique énorme de déprécier d’un coup la valeur des créances que des pays comme la Chine détiennent sur les États-Unis. Et comment d’ailleurs l’obtenir, les taux d’intérêt étant partout au plus bas ou presque. Reinhart examine d’autres scénarios dans son papier, et on y renvoie volontiers le lecteur intéressé. Mais rien qui selon elle emporte une grande conviction. Sad! comme aime à conclure Trump dans ses tweets !