La crise a indubitablement malmené les relations entre les entreprises et leurs partenaires financiers. C’est pourquoi les acteurs économiques de la région Rhône-Alpes, tous membres de l’association Lyon Place Financière et Tertiaire (dont la DFCG régionale) se sont réunis pour proposer, à travers un guide, des recommandations simples pour faire bouger les lignes.

Si l’entreprise doit considérer son banquier comme un partenaire et non pas comme un simple fournisseur de ressources de financement, les banques ne doivent pas omettre de leur côté des éléments intangibles dans tout bon dossier de financement : la pertinence de la stratégie, le potentiel de développement de l’entreprise, et bien sûr la qualité du management. Or beaucoup de banques les sous-évaluent et campent trop leurs positions sur les seules données chiffrées, évidemment pénalisées ponctuellement par le contexte de crise.

Il se trouve que beaucoup de recommandations formulées par Lyon Place Financière et Tertiaire (texte intégral sur www.lyon-finance.org), sont d’un bon sens et d’une application immédiats. Il suffit pour les mettre en œuvre d’une bonne communication entre l’entrepreneur et son banquier, malheureusement trop souvent le point où le bât blesse.

Ainsi, un dossier de présentation de la société (notamment stratégie, offre produits, organisation, investissement, innovation, international, mais aussi toute la documentation financière …) doit être constitué, mis à jour et discuté régulièrement avec le chargé d’affaires de la banque mais aussi avec le décisionnaire final, pour autant que celui-ci soit clairement identifiable et … accessible.

A son tour, la banque doit être en mesure, au-delà du verdict lui- même, de communiquer au client l’appréciation qu’elle porte à son dossier et sa notation de crédit, en expliquant ce qui a entraîne ou pas une dégradation. Il faudrait donc que chaque banque, au plus haut niveau national, détermine un barème compréhensible par tous, basé sur des critères factuels mais aussi qualitatifs comme décrit plus haut, pour communiquer efficacement et transparence avec les entreprises. Est-il utile de rappeler que la Banque de France, à partir d’un référentiel explicite, fait cet exercice ?

Pour analyser un dossier, le banquier fournit, en réponse à la demande du client, la liste des documents requis, le planning d’instruction, le délai de réalisation et assure la traçabilité du dossier pour répondre à tout moment de son avancement. La loi du 19 octobre 2009 acte cette obligation de communiquer. De même, cette loi oblige les banques à notifier par écrit, et avec préavis, la modification des conditions. Sans cela, comment anticiper en cas de situation tendue ? Le banquier pourrait définir par type d’entreprises ou de secteurs d’activité les principaux facteurs quantitatifs et qualitatifs d’appréciation qui, s’ils se dégradent, peuvent déclencher une alerte. A l’inverse, le chef d’entreprise peut susciter un entretien avec son banquier dès que survient un événement propre à inquiéter.

Cet entretien ne doit pas, a contrario, se traduire par l’arrêt des relations, au risque de remettre au lendemain des décisions vitales pour la survie de l’entreprise.

Si, malheureusement, la société se trouve en situation délicate, mais que ni les fondamentaux, ni le management ne sont remis en question, l’entrepreneur doit veiller à structurer le pool bancaire autour d’un chef de file identifié, s’appuyant sur les relations existantes et veillant à faire participer des banques dont les approches sont différenciées (approche sectorielle, délégation de pouvoir, réactivité…).

En cas de situation nécessitant la nomination d’un mandataire ad hoc, il devra être vigilant sur le choix de ce dernier, lequel devra avoir une bonne compréhension du métier exercé par l’entreprise et de sa stratégie.

En cas de procédure judiciaire, le chef d’entreprise doit pouvoir se faire assister d’un conseil juridique pour être capable de négocier la mise en œuvre d’un plan de sortie de crise. La banque doit favoriser le maintien des relations avec les interlocuteurs habituels de l’entreprise, détenteurs d’une connaissance approfondie du dossier, et avec qui la relation doit perdurer en cas de sortie favorable.

Ces recommandations sont simples. Aussi, qu’attendons-nous ?


Contribution originale de la DFCG pour Option Finance (12/09)