N’avez vous jamais assisté à ces présentations alliant désormais disruption, digitalisation et langage techno? Vous pourrez y entendre des phrases du type « Notre gestion du data cache est totalement disruptive », vous ébaudir devant un slide magnifiant « une nouvelle stratégie de digitalisation ».

Et puis j’ai entendu, au détour d’une présentation, une phrase plus intéressante. Je vous la cite in extenso : « J’en ai marre des gens qui me parlent IT, qui me parlent projet… je veux des gens qui parlent ma langue, celle du contrôleur de gestion ».

Pour le coup, il s’agissait d’un utilisateur d’une solution EPM, Jedox pour ne pas la citer, qui énonçait ceci. Avec le recul, une sentence de Montaigne m’est revenue à l’esprit :

« La parole est moitié à celui qui parle, moitié à celui qui écoute. »

Je me suis demandé si Montaigne comprendrait un traître mot à ces histoires de disruption, de data cache et autres vocables de bulletpoint de slideshows.

 

Un discours qui parle aux utilisateurs

Voilà la première leçon que je peux tirer de Montaigne. Il faut que mon discours soit un dialogue avec mon prospect ou mon client. Pour ma part, je travaille essentiellement avec des contrôleurs de gestion et des directeurs financiers. Si j’engage la discussion sur la disruption et la gestion du data cache, je peux essayer de les convaincre, mais ma discussion tourne alors au sport de combat : je cherche à les convaincre du bien-fondé de mon discours.

A contrario, si je présente les évolutions tournant autour du Cloud comme un moyen pour lui, utilisateur, de se consacrer intégralement à son métier, j’engage une discussion, un échange. Ma moitié de parole résonne dans sa moitié d’écoute. Dégagé des considérations techniques, l’utilisateur comprend parfaitement qu’il va pouvoir rentrer plus vite dans le vif de son sujet quotidien : analyser, commenter, mettre en scène de la donnée.

 

Un discours de la simplicité

Cela va de pair, pour moi, avec cette idée de dialogue que je dois instaurer avec mon prospect ou mon client. Pas besoin de le submerger avec un discours techno-disruptif plus ou moins bien rôdé. Pour expliquer, par-exemple, la nécessité de s’interroger sur le bon usage des tableurs dans votre organisation, ou comment Dépasser excel, autant le dire avec simplicité plutôt que de convoquer à la barre le ban et l’arrière ban des bulletpoints.

 

Cet article a été initialement publié par Limpida le 22 février 2017. Il est repris par Vox-Fi avec due autorisation.