Du monde anglo-saxon, un siècle nous sépare
Dans l’article que la DFCG a fait paraître dans le numéro d’Option Finance du 20 septembre 2010 sur la possibilité, pour les diplômés d’expertise comptable précédemment salariés, de créer un cabinet d’expertise comptable avec leur ex-employeur (ou toute autre entité) comme unique client (possibilité interdite avant la loi du 23 juillet 2010 prise en application de la directive européenne sur les services), nous indiquions que le Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables était également favorable à l’inscription au tableau de l’Ordre, dans une section distincte, des experts-comptables n’exerçant pas sous forme libérale.
Nous ne pensions pas que ce vœu serait exaucé aussi rapidement. Un décret en cours d’examen relatif à la profession d’expert-comptable, présenté par le Premier Ministre sur rapport de la Ministre de l’économie, de l’industrie et de l’emploi, prévoit en effet la création d’une « section des experts-comptables personnes physiques exerçant leur profession en qualité de salarié au sein du tableau de l’Ordre des experts-comptables« .
Autant dire que la profession française, qui compte actuellement 19.000 experts-comptables libéraux (14.000 hommes et 5.000 femmes) et 6.400 stagiaires en expertise comptable, est susceptible de doubler de taille : on estime à environ 25.000 le nombre de diplômés d’expertise comptable salariés d’entreprises privées et publiques, d’administrations publiques (Etat et ses démembrements, administrations locales et de sécurité sociale) et du secteur non marchand. Encore faut-il retrouver ces confrères qui ont disparu des fichiers de l’Ordre lorsqu’ils ont quitté la profession libérale ou lorsqu’ils ont obtenu leur diplôme et se sont immédiatement orientés vers le salariat (un sur deux actuellement) !
Par l’expérience que ces diplômés ont acquise dans les grandes organisations privées et publiques, dans l’enseignement et la recherche, la profession comptable libérale, très présente dans les PME et TPE, va incontestablement s’enrichir et marquer davantage son influence dans la recherche comptable, les ETI, les grandes entreprises, les administrations publiques et les associations. Nul doute également que le tableau de l’Ordre va ainsi progressivement devenir un vivier d’administrateurs de comités d’audit, répondant à l’enjeu de la compétence financière et comptable soulignée dans le rapport AMF du 12 juillet 2010 sur le gouvernement d’entreprise.
Dans un contexte de compétition internationale aigüe, les experts-comptables d’entreprises français, souvent passés par des cabinets d’audit et de conseil avant d’occuper, en entreprise, des fonctions de directeur comptable, financier ou général, vont pouvoir, s’ils utilisent cette faculté, se battre à armes égales avec leurs confrères anglo-saxons, membres depuis un peu plus d’un siècle de leur institut national des « Certified Public Accountants » ou des « Chartered Accountants« .
Rien de surprenant à ce décalage dans le temps : un siècle sépare également la Banque d’Angleterre, créée en 1694, de la Banque de France créée le 18 janvier 1800 par le Premier Consul Napoléon Bonaparte ! Pour mémoire, la Banque de Suède, créée en 1668, a été la Première banque centrale à émettre de véritables billets de banque …