On connaît le dogme de la diversification en finance, dont la version de bon sens est “ ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier ”. Apparue aux Etats-Unis dans les années 1950 à la suite des travaux de Markowitz (Nobel 1990 d’économie pour ces travaux), la théorie des choix de portefeuille assène qu’il faut répartir son argent sur le plus de titres possibles – on dit diversifier maximalement ses fonds – afin d’obtenir la meilleure protection à long terme contre les risques de pertes.

Dans une interview, Mark Taborsky, Executive Vice President de Pimco, Responsable du développement des produits de gestion, donne un avis contraire : “ La diversification donne un faux sentiment de sécurité ”. Il ne fait que retrouver une déclaration de Keynes qui, en 1942, qualifiait de “ parodique ” le procédé d’investissement consistant à choisir un grand nombre de titres sur lesquels on disposait de peu d’information, par opposition à la concentration sur un petit nombre de sociétés sur lesquelles on avait de bonnes informations. La technique de Markowitz ? Une parodie de politique d’investissement selon Keynes !

Si le risque des actions n’est mesuré que par la volatilité, alors la diversification est la meilleure stratégie possible. Mais si l’on veut aussi prendre en compte la différence entre les gains et les pertes (ce qui n’est pas si absurde concernant la mesure des risques…), alors on montre que cela produit mécaniquement un effet de concentration. Warren Buffet et Keynes ont donc raison contre Markowitz…

La clé de l’énigme ? Lorsque le risque n’est mesuré que par la volatilité, on se trouve dans la représentation mentale continuiste des variations boursières. D’où la diversification. Mais avec la dissymétrie gains – pertes, ce n’est plus le cas : il faut concentrer. Markowitz a donc été contaminé par le virus brownien. Conclusion : la diversification est un effet de la présence du virus B dans les gènes des gérants de portefeuille.

Cet article a été publié une première fois sur Vox-Fi le 10 janvier 2014.