La construction européenne a été marquée depuis 1957 par six élargissements qui ont transformé la Communauté Economique Européenne des six membres fondateurs, en Union Européenne à vingt-sept Etats-membres (UE-27). Ces mutations ont permis à l’Europe de devenir le premier grand marché mondial de consommateurs, une puissance technologique majeure et un espace démocratique de 500 millions d’habitants. Mais ces transformations ont été ponctuées de crises institutionnelles, énergétiques, économiques, monétaires, financières, sociales, identitaires… qui ont mis en lumière le cadre juridique complexe, l’espace économique fragmenté et l’environnement socio-culturel disparate de l’Union européenne. Ces mutations ont également rendu plus difficile l’exercice du management des 30 millions d’entreprises présentes sur le « grand marché ». Cette problématique est d’autant plus stratégique que la création et le développement des entreprises – notamment des PME – constituent le principal levier de création d’emplois productifs et de croissance économique. Les nombreux ouvrages historiques, précis juridiques, opuscules économiques et manuels de management consacrés aux multiples dimensions de la construction européenne, ne répondent que partiellement à cette problématique, dans la mesure où ils sont spécialisés dans un domaine ou dictés par l’actualité.

Ce constat nous invite à relancer le débat, initié dès l’origine de la construction européenne, sur la nature et le devenir de « l’euro-gouvernance » et de « l’euro-management ». Ce débat permettra de mieux identifier et analyser les opportunités et les contraintes qui pèsent sur les décisions et les comportements des gouvernants des institutions et des managers des entreprises européennes. Ces derniers recherchent notamment des grilles de lecture croisée des institutions européennes, des modèles de capitalisme, des systèmes socio-économiques et des types de management qui co-existent – et souvent s’affrontent – au sein de l’Union européenne. L’ouvrage intitulé euro-gouvernance et euro-management, qui vient de paraître aux éditions Eska, s’efforce de répondre à cette attente. Il est issu d’un dialogue entre un juriste (conseiller d’Etat) et un économiste membre de la DFCG (professeur des universités issu d’un groupe industriel européen). L’ouvrage est organisé en deux parties. La première est consacrée aux institutions européennes, au sens de leur histoire, à leur organisation et à leurs rôles. La seconde partie analyse et compare les différents systèmes économiques (technologiques, concurrentiels, monétaires et financiers, socio-éducatifs) et les principaux modèles de management des firmes (anglo-saxon, « rhénan », scandinave, méditerranéen, de transition) qui sont appliqués en Europe.