L’année 2008 a été difficile pour l’Europe et l’on peut, sans crainte malheureusement, avancer que 2009 sera pire et particulièrement pour la zone euro. Avec une banque centrale et une monnaie communes, on pouvait s’attendre à une réponse commune des gouvernements et de la BCE pour assurer la stabilité des marchés financiers et du système bancaire et unifier les plans de relance. Au contraire, au-delà des déclarations de façade, et de l’accord médiatisé sur un cadre global d’intervention, on a bien vu que les déclinaisons nationales sont disparates.

Face au danger de retour du protectionnisme, la Commission européenne a été obligée de créer un code de bonne conduite pour éviter les distorsions de concurrence. Mais, elle ne peut généralement qu’accepter les plans de recapitalisation, de soutien, de garantie… des secteurs financier, automobile… Pendant que la BCE maintient une orthodoxie légèrement assouplie, la FED et la Banque d’Angleterre ont décidé de placer leurs taux d’escompte à zéro, de multiplier par 3 ou 4 leurs bilans avec des créances dévalorisées et d’acheter des bons du Trésor. Tout est donc réuni pour préparer un scénario de reprise de l’inflation qui aura le (seul) mérite « d’acheter » la paix sociale. Ainsi quelques pays de la zone Euro tels que L’Espagne, l’Italie, la Grèce et quelques autres pourraient, à bon droit, lorgner sur ces mesures récentes des banquiers centraux britanniques et américains et de sortir de cette zone euro qui nous a protégé depuis dix ans. Et comme la Commission européenne semble répondre aux abonnés absents (!) depuis six mois, nous aboutirions ultimement à une Europe en cendres, dont ne resterait qu’une zone de libre-échange… que nos amis britanniques ont toujours défendu et que craignait le Général de Gaulle !

Si la gestion technique de la crise semble, dans les faits, échapper aux institutions européennes, il est urgent que celles-ci reprennent l’initiative en proposant dès matin, un projet de société de post-crise et d’avenir durable possibles. Comme Barak Obama semble l’avoir entrevu, cette refondation sociétale est impérative. Pour garder sa crédibilité, le rôle et le fonctionnement de la Commission européenne devront donc être revus rapidement. Les élections européennes approchent ; ce télescopage économique et institutionnel doit être une chance pour l’Europe.

Dominique Chesneau