La gouvernance fait l’objet de plus en plus de publications et groupes de réflexion, en particulier depuis l’éclatement de la crise économique et financière. L’amélioration de cette gouvernance est souvent considérée comme un élément clé, garant d’un meilleur pilotage des entreprises et de la moralisation des affaires. De ce fait, elle constitue un facteur d’attractivité pour les investisseurs et rassure également les différentes parties prenantes de l’entreprise. Tout cela explique que le législateur et la presse s’emparent du sujet au moindre excès ou scandale.

Ces prises de positions ainsi que les différentes réglementations et travaux de normalisation laissent toutefois penser que seules les entreprises cotées se trouvent concernées.

Or, il ne faut pas perdre de vue que la gouvernance concerne tout type d’organisation : entreprise, grande ou petite, secteur public ou privé, association, start-up…

Cette gouvernance est certes plus ou moins structurée suivant les cas et repose souvent sur le seul droit des sociétés.

 

La structuration de la gouvernance ne doit pourtant pas se limiter à une seule préoccupation de conformité légale. Avant tout, elle doit répondre à un besoin de pilotage, de maîtrise des orientations et de développement durable.

 

Pour bien comprendre cela, il faut dépasser la conception d’une gouvernance réduite au contrôle des dirigeants par les actionnaires, ou au seul conseil d’administration. La gouvernance, c’est bien plus que cela : elle permet notamment d’articuler les parties prenantes qui contribuent à l’orientation de la stratégie et à l’identification des principes structurants de l’organisation et de la prise de décision.

La formalisation de la gouvernance permet de mieux assurer la transparence des prises de décisions, ce qui s’avère fondamental pour agir en toute responsabilité. Cela sera d’autant plus nécessaire que les instances et parties prenantes peuvent avoir des intérêts divergents.

 

Plus que du droit, l’organisation de la gouvernance dépendra donc de l’identification et de la prise en compte de l’ensemble des parties prenantes de l’organisation. Ces dernières ne peuvent être réduites aux seuls actionnaires, et doivent également inclure les salariés et leurs représentants, la société civile, les fournisseurs, les clients…

La mention de ces derniers peut surprendre mais il s’agit également de répondre à la question soulevée par tous les nouveaux débats et normes sur la RSE. Faut-il associer ou non toutes les parties prenantes à la décision ? Sans les associer à la décision, peut-être faut-il se limiter à prendre en compte leurs intérêts, avec en filigrane la question de la représentativité. On touche ici à de véritables questions d’organisation politique, des problématiques que rencontrent aussi les différents Etats.

 

Actuellement, la DFCG travaille pour pouvoir proposer des cadres de référence adaptés à  cette vision élargie de la gouvernance et ainsi s’adresser à un public plus large d’organisations. Quelles sont les questions et les bonnes pratiques que tout type d’organisation se doit de considérer pour structurer une « bonne » gouvernance ? Celle-ci doit permette d’articuler les intérêts et les objectifs des différentes parties prenantes au devenir de l’entreprise, en particulier dans un environnement de plus en plus incertain et exigeant. Les fonctions financières, elles-mêmes, ont un rôle important à jouer, en particulier pour montrer qu’elles se préoccupent autant de l’avenir et de la durabilité de l’entreprise que de son résultat financier ou du profit dégagé. Faisons le pari qu’une entreprise, demain plus qu’aujourd’hui encore, sera d’autant plus profitable qu’elle est bien gouvernée. Que le long terme ne s’oppose pas au court terme pour les plus performantes d’entre elles, que cette performance ne sera réelle et durable que si elle bénéficie à chacune des parties prenantes (l’actionnaire, les salariés, les fournisseurs, les clients…), de manière équilibrée. Veiller à cet équilibre s’imposera-t-il comme une mission supplémentaire du directeur administratif et financier ?

 

Contribution originale pour Option Finance, publiée le 18 juin 2012