Voici comment un jour naquit au poulailler

Le principe innovant d’économie d’marché.

Certain coq dirigeait le groupe des poulets

Un dindon présidait chez les phasianidés

Un pintadeau régnait sur les numididés.

Les trois grands groupes disposaient d’un capital

Qui croissait et multipliait, foi d’animal :

Chacun quelques boisseaux de blé,

Des millions de grains conservés.

Un beau jour, chacun d’eux proposa qu’on misât

Cet article a été publié une première fois sur Vox-Fi le 22 novembre 2011.

Sur la prospérité de leurs trois entreprises.

La volaille acheta, cent grains par-ci par là,

Des actions qui doublaient ou quadruplaient la mise,

Selon que le marché s’affolait ou stagnait.

Le fermier évaluait la valeur, dans sa bourse,

Des trois grands groupes concurrents qu’il élevait,

Et qui, d’ores et déjà se trouvaient dans la course.

Le dindon, fort présomptueux

Décida de fausser le jeu :

Quand l’action de son groupe était cotée cent grains

Il en racheta pléthore à cent trente grains,

Piochant, pour les payer, dans son beau tas de blé

A seul’ fin de passer au regard du marché,

Pour le plus opulent… et inciter ainsi

Tous ceux du poulailler à l’admirer aussi.

Son tas de blé avait fondu,

De réserve il n’y avait plus.

Plus question d’investir dans le pré d’à côté!

Plus question d’acquérir un nid ou un couvoir!

Pendant ce temps le pintadeau avait créé

Une nouvelle société, mis ses avoirs

A l’investissement dans un nouveau projet

D’élevage de vers extrêmement juteux.

Quant aux grands décideurs du groupe des poulets,

Ils faisaient cultiver des oléagineux.

La valeur des groupes montait.

Leurs richesses s’accumulaient.

Certes notre dindon arbore un beau plumage,

Mais les poulets et les pintades sont plus sages :

Veillant à la prospérité du poulailler

En même temps qu’à augmenter leur tas de blé.

En gonflant son jabot et le prix des actions,

A-t-il joué fin notre dindon ?

 
Cet article a été publié une première fois sur Vox-Fi le 22 novembre 2011.