Face au risque de dépôt de bilan pour les TPE/PME, des solutions existent
En dépit de l’arsenal des mesures de soutien économique déployé par le gouvernement, qui n’est pas négligeable, la crise de trésorerie à très court terme provoquée par la pandémie frappe d’abord les TPE les plus fragiles. Le confinement risque d’être fatal à nombre d’entrepreneurs, s’ils ne prennent pas les décisions qui s’imposent à leur niveau et à celui de l’État.
Face au zéro chiffre d’affaires pour certains secteurs, depuis la mise en place du confinement, les responsables des très petites entreprises (TPE) se posent depuis une semaine, et posent à leurs experts-comptables s’ils en ont un, les questions suivantes :
– faut-il s’acquitter de la TVA au plus tard demain mardi 24 mars (beaucoup d’entre eux avaient cru comprendre, à tort, que cette échéance mensuelle de TVA serait reportée) ou demander à l’administration fiscale un report exceptionnel de paiement de la TVA ?
– faut-il passer au chômage partiel pour la totalité du personnel (les indemnités de dédommagement du chômage partiel tomberont le 15 avril au plus tôt) ?
– quid du financement des salaires de mars (leur paiement doit intervenir avant le 31 mars) ?
– est-il possible de constituer, auprès de la banque de l’entreprise, un dossier d’avance de trésorerie simplifié et d’obtenir un crédit bancaire, sans garantie sur le patrimoine de l’entrepreneur, avant la fin du mois (alors que les interlocuteurs bancaires sont peu présents en ce moment) ?
– est-il possible d’obtenir, auprès de la BPI, un préfinancement des salaires de mars et du décalage de trésorerie résultant de la mise en place du chômage partiel (les financements directs de la BPI semblent être adossés sur un partenariat de financement avec les banques de l’entreprise) ?
– faut-il payer les factures échues de leurs fournisseurs et prestataires de services (alors que leurs clients et donneurs d’ordre n’ont pas forcément réglé en temps voulu les sommes dues à l’entreprise ?
– faut-il systématiquement reporter les paiements de loyers (l’État ne peut pas imposer aux privés de faire un moratoire sur leurs loyers), de factures d’énergie et de frais fixes, ainsi que des cotisations sociales et fiscales ?
Ces questions requièrent des réponses urgentes, alors que ces dirigeants ne sont pas suffisamment outillés et organisés pour constituer des dossiers complexes et identifier les bons interlocuteurs. D’autant que même les experts-comptables observent des imprécisions et des contradictions entre les messages politiques et les textes administratifs et formulaires qui viennent de sortir.
En tout état de cause, les entrepreneurs doivent impérativement, s’ils ne l’ont pas déjà fait :
– contacter rapidement leurs partenaires comptables et financiers habituels, la BPI, leurs clients stratégiques et principaux fournisseurs ;
– demander la mobilisation de leurs créances clients (avec envoi des factures correspondantes à la banque de l’entreprise), avec la garantie de la BPI ;
– demander à leur banquier l’ouverture d’une ligne de crédit spécifique pour financer les salaires de mars 2020 et le décalage de trésorerie de 15 jours du chômage partiel, avec garantie de la BPI ;
– demander le cas échéant, l’augmentation des découverts bancaires autorisés, avec une caution de la BPI ;
– engager les démarches (non automatiques) pour les reports d’échéances sociales et fiscales dont ils peuvent bénéficier ;
– contacter leurs fournisseurs de prestations de services pour discuter des reports de charges courantes et notamment les loyers et l’énergie qui relèvent d’un effort de solidarité ;
– relancer les clients dont les règlements sont échus depuis trop longtemps et saisir la médiation des entreprises ;
– prendre, en tout état de cause, le temps de formaliser leurs prévisions de trésorerie à trois mois.
Le robinet du crédit doit absolument s’ouvrir directement à raison de ce besoin de trésorerie à très court terme (un mois). Il revient aux établissements bancaires de répondre présents aux demandes d’ouverture de lignes de crédit émanant de ces petites entreprises, qui ne sauraient être sacrifiées sur l’autel d’une crise sanitaire exceptionnelle. Notre pays a impérativement besoin de ces petits entrepreneurs.
Devant le risque évident de saturation des établissements bancaires et du réseau de cabinets d’expertise comptable, l’État doit rapidement allouer à un fonds de sauvetage des TPE et des entrepreneurs individuels d’au moins 20 Mds€, et verser directement à chacune de ces entités une somme forfaitaire de 10 000 euros, à fonds perdus, pour les aider à tenir.