Le Blog reprend l’extrait d’un article de Philippe Waechter paru le 7 juin 2013 sur le site www.atlantico.fr et que vous pouvez retrouver aussi dans sa version complète ici : http://bit.ly/15GZc4H.

 

Un scénario de déflation ? C’est la question à laquelle nous aurons peut-être tous à répondre rapidement parce que les enquêtes menées auprès des entreprises suggèrent une réduction des tensions nominales mais aussi parce que les taux d’inflation s’infléchissent sensiblement se calant très au-dessous de l’objectif de 2 % de la Banque centrale européenne.

 

Le processus serait très rude pour l’ensemble des européens car la dette privée ne s’est pas réduite de façon importante depuis le début de la crise et parce que la dette publique a augmenté de façon très vive. Une situation de déflation se traduirait par un renchérissement de la dette privée ou publique provoquant alors une situation dramatique sur le plan économique. Il conduit à une contraction supplémentaire de l’activité économique puisque le poids de la dette augmente dans les budgets des ménages endettés mais aussi dans celui de l’Etat endetté. La demande qui peut être formulée par les personnes ou les institutions endettées s’en trouve réduite puisque le montant alloué au service de la dette s’accroît. En revanche, ceux qui détiennent de la dette disposent d’un taux de rendement réel qui s’accroît avec la déflation. Cela peut engendrer une demande supplémentaire mais surtout cela provoque une redistribution spectaculaire des revenus entre ceux qui sont endettés et ceux qui ne le sont pas. Ce processus avait été étudié au début des années 1930 par le grand économiste américain Irving Fisher et ses conclusions étaient très négatives pour l’activité, la croissance et l’emploi. [Pour les lecteurs du Blog intéressé, la formidable analyse de Fisher peut être lue ici. NDLR]

 

Une remarque doit être faite ici sur la dette privée. Dans son dernier rapport sur l’économie mondiale d’avril 2013 le FMI montre dans le graphique 4 page 5 que le ratio dette sur revenu des ménages de la zone Euro est passé en 2012 au-dessus de celui des ménages américains. En moyenne sur les 3 premiers trimestres de 2012 le ratio dette sur revenu des ménages était de 108.2 % aux États-Unis et de 108.5 % en zone Euro (en 2011 les chiffres étaient de 111.7 % aux USA et de 108.7 % en zone Euro et en 2007, avant la crise, le chiffre était de 128.7 % aux USA et de 103.1 % en zone Euro).

 

Or, le taux d’inflation est bas en zone euro et déjà en avril la Grèce et Chypre étaient en déflation. L’Espagne y était potentiellement, une fois corrigés les effets de la fiscalité mise en place dans le but de rééquilibrer les finances publiques. Le Portugal n’est pas loin d’y plonger aussi hors fiscalité. La France et l’Allemagne ont un taux d’inflation sous-jacent (hors effet du prix des matières premières) qui en avril était sous le seuil de 1 %. Les chiffres montrent ainsi que la situation est fragile puisqu’en dessous d’un taux d’inflation de 1 % il peut y avoir des doutes quant à l’évidence d’une situation de déflation.