Qui a dit que l’économie japonaise ne croissait pas ? La réalité, c’est qu’à part sa « décennie perdue », dans les années 90, elle a fait mieux que l’économie américaine si on prend comme base de départ le début des années 2000. Le graphique ci-dessous le  montre. Et c’est une performance bien meilleure encore que celle de l’économie de la zone euro. Étonnant, non ?

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Le hic ? Il ne s’agit pas du PIB, mais du PIB par tête, et encore plus par tête de personne entre 15 et 64 ans. Il y a même un double hic, sachant que cette croissance, Abenomics ou pas, se fait à coup d’injections de dépenses publiques, alors que les économies américaine et européenne arrivent à corriger leurs déficits publics.

 

Ces deux autres graphiques pour le montrer. Le premier sur la démographie, qui interpelle sacrément, les Japonais ne semblant pas s’accoutumer à l’idée qu’il leur faudra un jour ou l’autre de l’immigration, et même massive, s’ils veulent garder le même poids économique sans changer leur natalité (le faut-il après tout ?).

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Le graphique du second hic, le voici : il montre le solde primaire des finances publiques (avant charges d’intérêt et corrigé du cycle conjoncturel). On voit depuis 2010 l’amélioration, lente pour la zone euro, rapide pour les États-Unis. La zone euro est même en excédent, ce qui montre qu’il y a place pour une politique de la demande pilotée par l’État, mais ceci est une autre question. Par contre, le Japon reste scotché à un déficit public abyssal, entre 6 et 8% de son PIB. En clair, l’économie japonaise reste sous perfusion de dépenses publiques et donc d’un poids croissant de sa dette publique, et il faudra bien qu’elle retire un jour ou l’autre le cathétère.

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Ces graphiques sont tirés d’un très intéressant billet du blog de Paul Krugman, en date du 20 octobre, qui investigue les moyens pour le Japon de sortir de sa stagnation séculaire. Vox-Fi se permet de donner modestement un conseil à Paul, ainsi qu’à Shinzo Abe, premier ministre du Japon : le pays veut-il sortir de sa léthargie ? Simple : offrez un billet d’entrée dans l’Archipel au million et plus de Syriens qui aujourd’hui désespèrent dans les camps en Turquie et au Liban. Certains pays européens, pris dans une logique comparable, ont compris le bénéfice qu’ils pouvaient en tirer.