Mort de Paul Samuelson. Personne ne nie l’importance absolue de Paul Samuelson dans le monde de l’économie. Les directeurs financiers doivent retenir, parmi une foultitude de choses, qu’il avait déjà trouvé dès les années 1960, la formule de Black and Scholes pour l’évaluation des options (avec une imperfection, il lui manquait le raisonnement d’arbitrage) ; et dans son dialogue avec Tobin et Modigliani, il avait inventé tout ce qui sert aujourd’hui pour l’évaluation des entreprises.

 

Je retiens personnellement ces deux choses :

D’abord une citation étonnante de lui, pour ceux d’entre nous qui veillent à préserver la dimension morale de l’économie : « There is an old saying. A man is walking down St. James Street in London, swinging a cane into a curve. An old passerby speaks to him; “hey, white bear, you are swinging your cane.” The guy replies: “ It’s a free country, isn’t it?” The old passerby retorts: “Your freedom ends where my nose begins”. But the old man is wrong; the white bear’s freedom ends long before his nose begins. One man’s right to privacy is another man’s condemnation to loneliness. »

On raconte que Schumpeter et Leontieff faisaient partie du jury de thèse du jeune Samuelson ; il avait 22 ans et venait comme thèse d’achever ce qui allait devenir un ouvrage au titre très prétentieux de prime abord, mais pas tant que cela après que des générations d’économistes s’y soient formés : « Foundations of economic analysis ». A la fin de la soutenance de Samuelson, Schumpeter se tourne vers Léontieff et dit : « Wassili, tu crois qu’on va être reçus ? »

François Meunier