Le Graphique de la semaine

La documentation boursière (rapports annuels et documents de référence) prend du poids d’année en année en France. Ce n’est pas gentil pour les forêts ; ce n’est pas forcément le signe d’une meilleure information financière, si on pense que le principe du less is more s’applique ici aussi. Le graphique suivant, tiré d’une étude de KPMG (“The KPMG Survey of Business Reporting – Better Business Reporting”, juin 2014) montre que de 2006 à 2013 le nombre de pages moyen des documents de référence s’est accru de 84 pages.

Graph Inflation rapports financiers

Conséquence de normes comptables plus exigeantes en communication financière ? Probablement, mais pas seulement. L’étude montre que cette inflation dans les rapports annuels est générale en Europe, mais que c’est en France, et de loin, que le phénomène est le plus marqué (la hausse n’est que de 22 pages en moyenne en Europe). Cet autre graphique fait ressortir ce point aberrant français, si ce n’est cette aberration.

Graph Inflation rapports financiers 2

Elle est due pour partie au fait que les entreprises ont pris l’habitude de publier régulièrement un « document de référence », alors qu’à l’étranger les entreprises ne le font qu’au moment d’émettre un titre financier. De même, les sociétés françaises sont tenues de publier un Rapport sur le gouvernement d’entreprise et sur le contrôle interne (qui reprend souvent par copier-coller les paragraphes du rapport de l’année précédente). Mais plus tristement, il semble que l’art de la concision, ce trait propre à la culture écrite française, soit en passe d’être oublié chez les pousse-stylos au sein des entreprises au profit d’un « blurb » juridico-financier qu’on croyait réservé aux Anglo-saxons. Il est temps que les directions de la communication comprennent qu’un rapport annuel est aussi un acte de communication.