Juste valeur, transparence, gouvernance et private equity
Selon une étude récente du courtier américain NYPPEX, la valeur d’actif net des fonds de private equity aurait diminué de 10 à 30 % au cours du quatrième trimestre 2008. Pendant l’année civile 2007, la baisse moyenne serait de 44 %.
« Serait » ! Pourquoi ce conditionnel ? Plusieurs raisons peuvent être avancées. D’une part, les évaluations des actifs de certains fonds ont été réalisées à fin septembre, quand d’autres ont pris une référence à fin décembre 2008. Au cours de trimestre, l’indice S&P Europe 350 a chuté de 21 % !
Deuxièmement, bon nombre de conseils d’administration de fonds ont intégré les réductions des « multiples » d’un secteur de référence, mais tous les gérants n’ont encore pris en compte… ni la baisse des résultats et donc de la création de valeur de leurs investissements, ni celle des dividendes à servir. Ces « compléments » représenteraient une dépréciation supplémentaire de 20 %.
Troisièmement, les fonds dont le gearing et le leveraging sont importants seront particulièrement plus impactés que leurs homologues moins endettés et relevant d’un même secteur économique, cette information étant peu mentionnée publiquement.
Vous avez dit juste valeur ?
Dès 2005, un groupement européen d’associations d’investisseurs en capital composé de l’Afic, de la British Private Equity Association et de l’association européenne de capital-risque ont produit un guide de standardisation des meilleures pratiques d’évaluation intégrant les instructions des IFRS et des US GAAP. Et pourtant, selon un associé en private equity de Deloitte UK, il reste encore beaucoup de thèmes de discussion entre le gérant d’un fonds et ses auditeurs pour arrêter les comptes et étaler comptablement des provisions… comme au bon vieux temps !
Selon ce même associé, la valorisation d’un fonds est un processus restant fortement fondé sur le jugement des managers des participations, des dirigeants des fonds et de leurs commissaires aux comptes, « une évaluation en marked to market est très difficile à réaliser car, comme pour certains titres illiquides, la baisse du nombre d’opérations de fusions-acquisitions au cours du deuxième trimestre 2008 a été si importante, que les prix auxquels ont été conclus les quelques transactions réalisées ne peuvent servir de référence ».
Néanmoins, les managers des fonds sont désireux de partager avec la communauté financière, leurs doutes et interrogations actuels à ce propos.
Vous avez dit transparence ?
Les capital-risqueurs ont toujours une idée assez précise de la valeur réelle ou souhaitée de leurs participations. Mais cette idée semble plus floue lorsque ces gérants doivent rendre des comptes à leurs propres actionnaires ! Selon qu’on est riche et puissant…
Dominique Chesneau, vice-président du Comité scientifique de la DFCG