Les grands instituts de sondage en politique dont le CEVIPOF (en partenariat avec l’Institut Mendès France et le Conseil Économique et Social) confirment, enquête après enquête, la « défiance farouche » des Français envers la Classe politique. De la même manière les économistes ALGAN et CAHUC ont montré dans leur best-seller – la société de défiance (Éd. Ulm) – comment le modèle social français s’autodétruit, rongé par le corporatisme et l’étatisme, engendrant des inégalités croissantes et suscitant des manœuvres, si chères aux partis politiques, pour contourner les règles ou en tirer parti.

« …aïe confiance… » sifflait le serpent Kaa pour faire rire les enfants (imité par Michel GALABRU dans « le viager »)… Mais dans le monde des adultes, la confiance a été ruinée notamment par la grande crise financière et les dérives de toute nature des politiciens.

Cet indispensable ciment de la Société s’est effrité dans tous les secteurs de la cohésion sociale, économique, politique et de l’identité nationale ; cette « dépression collective » est ainsi apparue comme le grand frein au retour de la France vers une société apaisée et prospère tant il est évident que la dimension psychologique, celle des comportements humains, conditionne prioritairement croissance et développement en économie.

Quelles sont les racines de ce mal français et comment s’en sortir ?

Tour à tour, l’Institut Montaigne, sous le titre provocateur de « la confiance, bordel » (Éd. Eyrolles) et le philosophe Pierre-Olivier MONTEIL « reprendre confiance » (Éd. Bourin) s’interrogent sur cette « cause des causes », du décrochage français et de ses dénis et s’efforcent d’apporter des éléments de réponse à cette angoissante question :

La confiance, rappellent-ils, s’alimente à deux sources principales : celle de notre propre expérience du passé et de la confiance que les autres nous témoignent ; elle ne peut par ailleurs, résulter que d’un climat qui procède lui-même de la manière d’agir : ce n’est pas l’affaire d’une tactique, encore moins « d’un grand soir » mais une méthode qui permette de passer des réformes envisagées au tamis des conditions de la confiance, c’est-à-dire : raviver le sens du vivre ensemble, transformer le management et le dialogue social en les rapprochant de projets fédérateurs et en donnant de la « chair et de l’humain » aux relations et à l’écoute, en réformant le système scolaire, en intégrant les nouvelles générations etc…

Cette double analyse sans concession montre aussi que la défiance se décline en Entreprise : stress, absentéisme, burn out, désengagement des cadres, rongent peu à peu le lien qui devrait unir l’ensemble des parties prenantes pour que l’Entreprise puisse faire face à la compétitivité et l’efficacité qui sont la règle du nouveau monde.

Il y a là un enjeu crucial, par-delà même le bien être de chacun, à retrouver plus d’efficacité dans le travail : la prolifération des normes, les dérives et excès de la communication corporate sont aussi destructrices de confiance…..

Dans ce contexte il est toutefois rassurant de constater que dans tous les pays, les Entreprises familiales

-le baromètre Edelman montre que l’opinion accorde 73 % de taux de confiance aux grandes Entreprises familiales, 68 % aux moyennes contre 61 % aux Entreprises privées ou publiques contrastent avec ce constat, en résistant mieux que leurs consœurs financiaro-capitalistes classiques, à cette perte de confiance.

C’est sans doute que la proximité psychologique et géographique de ce type de gouvernance répond plus précisément tant aux attentes du corps social qu’à celles des nouvelles générations : Ces propriétaires-entrepreneurs-fondateurs apparaissent plus aptes à conduire une réussite pérenne sur le long terme et à mieux prendre en compte l’ensemble des aspects sociaux et sociétaux que porte l’Entreprise.

Pas plus qu’elle ne se décrète, la confiance ne se dicte, c’est une nouvelle confirmation, mais par contre elle se mérite……

La classe politique dont la responsabilité première reste de susciter la confiance devrait pouvoir (enfin) s’inspirer de ces recommandations qui s’alimentent tout autant dans la réflexion philosophique que dans l’expérience et tout simplement le bon sens.

Ce retour dans l’urgence, pour notre société en crise, vers la confiance, passe par une exigence renforcée d’exemplarité, de courage et de détermination dans l’action pour les élites politiques, intellectuelles et les dirigeants d’Entreprises.

Ce n’est qu’à ce prix que notre Société pourra « reprendre confiance » et retrouver croissance, progrès et maîtrise de nos dettes et de nos déficits qui pèsent si lourdement sur l’avenir de nos enfants.

Quelques pistes pour repousser l’ambiance destructrice du désenchantement français.

 

Jean-Louis Chambon
Président d’honneur et fondateur du Cercle Turgot
Président du prix Turgot