Dans un article intitulé « Les cumulards du CAC 40« , la revue Alternatives Economiques publie une infographie intéressante qui illustre les liens entre les conseils d’administration des entreprises du CAC 40.

La pratique des administrateurs croisés dénoncée depuis le premier rapport Viénot reste donc bien vivante ! La parité devrait bouleverser cette situation dans les années à venir, à moins que l’on ne trouve un moyen plus subtil de pérenniser cette pratique. C’est ainsi que Loïc Dessaint, directeur associé de Proxinvest, note que : « Les gens envoient maintenant leur femme ou leurs enfants (…) Voilà comment on voit Amélie Oudéa chez Lagardère ou Nicole Bouton chez Pernod-Ricard. »

Au-delà de l’aspect critiquable et agaçant du copinage, cette situation est préoccupante pour les entreprises concernées car elle soulève des questions graves :

  • celle de la représentativité des conseils qui sont censés être l’émanation des actionnaires et non des dirigeants des plus grandes sociétés françaises ;
  • celle de leur neutralité qui est menacée par des attitudes généralement complaisantes envers les autres « soi-même » ou dissuasives par une stratégie « je te tiens, tu me tiens par la barbichette » ;
  • celle la disponibilité des administrateurs car comment imaginer que des cumulards même s’ils sont incontestablement brillants puissent accomplir les tâches de plus en plus lourdes requises par la fonction d’administrateur ;
  • celle de l’efficacité des conseils car si la diversité des points de vue est créatrice de valeur, l’uniformité conduit au phénomène de groupthink qui peut entraîner des catastrophes.

Alors comment limiter le cumul des mandats, en particulier lorsqu’il s’agit d’un dirigeant d’une entreprise ? Je ne peux que réitérer la proposition que j’avais faite en septembre dernier :

Il s’agirait d’ajouter aux informations données dans le rapport annuel une estimation du temps consacré par l’administrateur à ses différents mandats (en incluant tous les mandats y compris ceux qu’il possède à l’étranger et dans de grandes associations, fondations ou organisations professionnelles). Exprimée en pourcentage de son temps de travail, cette estimation serait purement déclarative et ne pourrait bien sûr pas dépasser 100% ! Elle serait accompagnée du montant de la rémunération touchée pour chacun des mandats déclarés.

Cette information annuelle permettrait de mieux comprendre qu’elles sont les priorités de chaque administrateur et permettrait un contrôle plus efficace de la part des actionnaires (et des salariés aussi …) sur l’action et l’implication des dirigeants et des conseils d’administration.

J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer cette idée devant quelques administrateurs qui se sont empressés de changer de sujet …