Engagée en 2015, la réorganisation du logement social issu du 1% Logement se déroule sereinement et en avance sur son planning. Les partenaires sociaux, les entreprises et leurs salariés se dotent ainsi d’un outil aussi cohérent que puissant pour s’attaquer au problème du logement.

 

Une forêt qui pousse fait moins de bruit qu’un arbre qui tombe.

On ne parle pas, dans les médias, de la fusion des 20 collecteurs du 1 % Logement, ni de la refonte de près de 1000 sociétés de HLM (ESH) et de leurs 20 000 salariés dans les entités d’Action Logement, qui gère désormais plus d’un million de logements et plus de 100 milliards de total de bilan.
On n’en parle pas, dans les médias, parce que c’est un succès, sans licenciements ni mouvements sociaux.
On ne parle pas d’un exemple de dialogue social qui fonctionne et qui, sous l’impulsion du MEDEF, fait conjuguer les efforts des organisations syndicales et patronales pour le bien commun.

 

Certes, le défi est énorme.

La pénurie de logements et ses conséquences sur les loyers grèvent le budget des salariés et surtout celui des plus jeunes. Elles entravent leur mobilité vers les zones dites tendues. Il faudra malheureusement des années pour combler le déficit de l’offre que certains estiment à 1 million de logements.
Certes, Action Logement voit ses moyens limités par les ponctions de l’État pour financer les aides au logement, les fameuses APL, et la rénovation des banlieues (ANRU). On peut aisément comprendre que la solidarité s’opère au profit des zones défavorisées et de ceux qui peinent à payer leur loyer. Toutefois, on peut se demander si le 1 % Logement, payé par les entreprises, ne serait pas mieux utilisé s’il était seulement destiné à construire des logements et à stabiliser ainsi la flambée des loyers plutôt que de financer des APL qui alimentent cette dernière.

Une fois encore, le rôle régulateur de l’Etat soulève des questions non dans son principe mais sur ses modalités d’action. Peut-on lutter contre les conséquences d’un marché déséquilibré sans viser d’abord à retrouver l’équilibre ?

 

Cette restructuration a plusieurs enseignements.

Premièrement, les partenaires sociaux, quand ils partagent le même objectif et négocient sereinement, arrivent à réaliser des prodiges.

Deuxièmement, le monde de l’entreprise et ses méthodes, quand on lui en laisse les moyens, peuvent gérer des problèmes sensibles de la société avec un sens de l’intérêt général.

Enfin, on peut observer, sur la question du logement social, de vraies convergences entre les entreprises, les partenaires sociaux et les élus locaux qui voient un intérêt dans la réussite du projet.

 

Un effort pour le logement intermédiaire

62% des français sont éligibles au logement social. Le besoin est criant chez les jeunes et chez ceux qui avoisinent les plafonds de ressources. Parmi ses priorités, Action Logement vise à développer les constructions de logements intermédiaires. Ce type de logement, qui n’est pas à proprement parler du logement social, devrait soulager les difficultés que rencontrent les familles des jeunes cadres que les entreprises cherchent à fidéliser.

 

Quatre questions posées par le contexte

Bien souvent, les entreprises allemandes produisent pour un coût moindre que leurs concurrentes françaises notamment grâce à certaines réglementations sociales. Cet avantage compétitif n’a été possible sans contestation sociale majeure que parce que le coût moyen du logement est moitié moindre en Allemagne qu’en France. La question du logement est centrale pour la compétitivité des entreprises françaises.

On voit émerger, en outre, un début de consensus pour aller dans le sens de l’accession à la propriété des résidents en HLM. Ces acquisitions, éventuellement accompagnées socialement, permettront aux salariés de se constituer un patrimoine et de fournir de nouveaux moyens financiers aux promoteurs sociaux pour augmenter leur production.

Le projet de loi ELAN fera porter de nouvelles obligations aux Offices de HLM (OPH), équivalents publics des ESH. Il faut espérer que, à l’instar du secteur hospitalier, des rapprochements entre les acteurs privés et les acteurs publics puissent faire émerger des synergies dont les citoyens et les salariés seraient les bénéficiaires.

Enfin, il faut espérer qu’un assouplissement réglementaire facilite le transfert des fonds des organismes situés dans des zones excédentaires en logements sociaux vers ceux agissant en zones tendues.