À signaler une excellente tribune par A. Edmans ets X. Gabaix, « Incentive accounts: A solution to executive compensation » dans Vox-EU.

Le principe de ce nouveau schéma de rémunération des dirigeants pour des entreprises cotées en bourse est double :

  • Le dirigeant est payé sur les performances à long terme et non à court terme de l’entreprise. Sa rémunération est donc mise sur un compte bloqué, libérable au fil du temps, appelé compte courant dopé ou compte d’incitation.
  • Le dirigeant doit avoir le même niveau d’incitation que le cours boursier soit haut ou bas : il faut que le dirigeant travaille toujours à l’augmentation du cours de bourse, i.e. ne s’endorme pas lorsqu’il est riche (grâce à ses stock-options) d’un cours boursier qui est fortement monté ; ou lorsque le cours boursier est tombé à la cave, ce qui rend inopérantes ses stock-options accumulées ou pousse l’entreprise à réémettre de nouvelles options.

Pour satisfaire à ces deux contraintes, on imagine que le dirigeant reçoit un paiement annuel, à la fois cash et actions de l’entreprise, avec déblocage partiel au fil des ans.

L’astuce de la proposition consiste à faire en sorte que ce compte comporte toujours la même proportion financière d’actions, disons 60 %. Par exemple, il recevra annuellement un (joli) paquet fixe de 5 M€, composé de 2 M€ en cash et 3 M€ en actions de sa société. Si le cours boursier baisse de 50 %, la part action est valorisée 1,5 M€ et le compte n’est plus valorisé que 3,5 M€. Pour garder la part actions au niveau de 60 %, il faut qu’il rachète, avec le cash bloqué sur le compte, un montant de 0,6 M€ d’actions.

Il garde donc toute l’incitation à ce que le cours boursier remonte, ce que ne font pas les stock-options une fois que le cours boursier a fortement chuté ou au contraire a fortement monté, i.e. lorsque les options sont soit hors la monnaie ou trop dans la monnaie, pour employer les termes techniques.