Le cuivre fait partie, avec notamment le cobalt, le nickel et les terres rares, des matières premières centrales dans la transition énergétique. L’Agence internationale de l’énergie prévoit que la consommation du cuivre va s’accroître de 50 % entre aujourd’hui et 2040.

Un fait d’observation peut venir gripper ce pronostic : les gisements de cuivre sont déjà fortement exploités et dans certains pays on enregistre un phénomène sinon d’épuisement du moins de vieillissement des mines, obligeant à extraire un minerai toujours moins riche en cuivre. C’est le cas au Chili, premier producteur mondial et probablement le premier en matière de gisements potentiels.

Or, accroître la concentration du minerai en métal, une étape essentielle dans le cycle d’exploitation, est fortement consommateur en eau. Près de 80 % de l’eau consommée par les mines est utilisée dans cette étape, venant très loin des autres usages, comme la fabrication des cathodes pour l’extraction du métal (11 %) ou la dispersion d’eau dans les mines pour limiter la poussière.

On est donc devant une demande d’eau croissante. C’est ce qu’illustre le graphique de la semaine, tiré de la presse chilienne (l’espagnol en est facilement compréhensible). Aujourd’hui, le besoin en eau de l’industrie du cuivre dans ce pays est de 73 m3 par seconde, soit une progression de près de 60 % en 10 ans. Et cette hausse va se poursuivre. Comme le montre le graphique, une grande partie de l’eau est réutilisée, mais il faut toujours la renouveler.

 

Dans le cas du Chili, mais aussi des autres pays andins où se trouvent le gros des réserves, le gros de mines en exploitations sont dans des zones désertiques ou semi-désertiques. Le désert d’Atacama, au nord du Chili, est l’un des plus arides au monde. D’où la nécessite croissante d’utiliser de l’eau de mer, qu’il faut très largement dessaler avant usage.

Il y a donc un coût opérationnel croissant dans l’exploitation minière du cuivre : des gisements moins riches, entrainant une dépense accrue en frais de minage, en eau et donc en électricité notamment pour le dessalement. Le catastrophisme, comme souvent, n’est pas de mise, puisque les régions désertiques où se fait l’exploitation sont aussi les plus ensoleillées auxquelles on puisse penser. Une énergie propre pour le dessalement fait donc partie des plans d’investissement, mais cela ira avec un fort alourdissement des coûts d’exploitation.