Le doux péché du déficit budgétaire
Un petit regard en arrière sur le déficit public français. Le graphique qui suit reporte sur longue période, de 1989 à 2006, la charge d’intérêts du budget de la France, ainsi que son solde primaire (i.e. le solde budgétaire avant la charge d’intérêts). Riche d’enseignements.
On crédite le Général de Gaulle, appuyé de Pinay et Rueff, d’avoir rétabli les finances publiques françaises, mises à mal sous la IVe République (qui a dû gérer, bien mal, deux guerres coloniales coûteuses).
En fait, l’excédent, i.e. un solde primaire supérieur à la charge de la dette, n’a existé qu’en 1959. Les choses se sont dégradées continuellement par la suite. Dès 1967, il est vrai année d’un mini-ralentissement conjoncturel, le solde primaire est devenu négatif et l’est resté ensuite si l’on excepte 1969, où il a été juste à l’équilibre (malgré le choc qu’ont représenté les événements de 1968 pour les finances publiques).
En 1974-1975, le premier choc pétrolier et la récession qui a suivi ont plombé le budget de l’État, qui n’est revenu à l’équilibre primaire que sous Raymond Barre en 1979 et 1980. L’arrivée de la Gauche en 1981, et la récession mondiale concomitante, a fait replonger le budget : -2,25 % du PIB pour le solde primaire en 1982. Il faudra attendre le gouvernement Jospin pour retrouver un excédent primaire, pour trois années de suite, de 1999 à 2001, certes dans un contexte conjoncturel plus rieur. Les mauvais démons ont repris le dessus dès 2002, avec le ralentissement post-bulle internet, pour ne plus nous quitter ensuite, même avec la forte reprise de l’économie jusqu’en 2007.
Barre-Giscard, Jospin : quand on connaît leurs succès électoraux subséquents, reconnaissons que ça ne pousse pas à la rigueur…