Une question récurrente en finance : quel type d’entreprise procède à des levées de fonds sur les marchés de capitaux, en dette ou en fonds propres, et à quel usage ? Le graphique qui suit aide à y répondre. Il est paru dans un billet de Vox-EU sous la signature de T. Didier, R. Levine et S. Schmukler ; et construit sur base d’un échantillon de 45.527 firmes cotées dans 51 pays sur la période 1991- 2011.

Il montre, en distinguant levées de dette et levées de fonds propres, qu’en pratique très peu d’entreprises recourent aux marchés de capitaux. En raisonnant sur le pays médian (pour corriger l’effet de taille du marché de capitaux local), les premières 20 firmes lèvent quasiment 100% des capitaux. Et les 5 premières lèvent les trois-quarts des augmentations d’actions, et les deux-tiers des augmentations d’obligations.

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Les autres firmes se contentent de laisser leurs titres en cotation, mais ne lèvent pas de fonds. Est-ce si important, après tout ? Même si elle ne se sert pas de la bourse comme source de financement, l’entreprise bénéficie indirectement par la cotation d’une évaluation de son capital et surtout du cout de son capital, c’est-à-dire d’un thermomètre pour juger de ses investissements.

Pas si simple. L’étude montre qu’en pratique les firmes qui émettent connaissent une croissance plus rapide de leurs actifs : l’émetteur médian connaît une croissance de 12% l’an de ses actifs tandis que celui qui n’émet pas voit sa croissance limitée à 4,5%. Cela semble évident : les fonds levés nourrissent la croissance. Pas tant que cela : ce résultat tord le cou à une idée tenace selon laquelle le recours à la bourse n’est là que pour gérer la structure du capital et non la croissance de l’activité.

Une autre lecture du graphique est plus négative : seules 20 entreprises dans un pays médian ont des projets d’investissement qui justifient le recours à un financement externe, ce qui est peu et explique peut-être la très faible croissance qui connaissent les pays développés depuis une ou deux décennies.