Trois graphes permettent de caractériser le marché du travail américain.


Le premier est qu’il y a probablement depuis le mois d’avril un changement du modèle du marché du travail américain. On observe sur le premier graphe que par rapport à la moyenne des trois dernières années la dynamique est nettement plus robuste. L’échelle des créations d’emplois a changé. Ceci est cohérent avec les indicateurs positifs observés du côté des entreprises dans les enquêtes type ISM ou PMI. Le contraire aurait été ennuyeux.


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Le deuxième porte sur la comparaison avec les périodes antérieures. On constate que la situation actuelle est très en retard par rapport aux épisodes passés. L’emploi a retrouvé en mai le chiffre de janvier 2008 (pic d’emploi). Cela veut dire que le flux net d’entrées et sorties du marché du travail sur la période n’a pas trouvé de job. Bien sûr il y a eu la baisse du taux d’activité (taux de participation dans une traduction littérale du participation rate américain). La population active a malgré tout augmenté de 1.6 millions depuis juin 2008. Si l’emploi est au même niveau qu’en juin 2008, eux n’ont pas trouvé d’emploi.  Ce déséquilibre ne va pas se résorber spontanément.


Cela implique qu’il y a un chômage de long terme plus important que dans toutes les phases passées. Cela s’est traduit par des accumulations qui ne sont pas résorbés par 3 mois de bons chiffres et qu’une dynamique durablement robuste dans la durée devra être observée pour résorber ces déséquilibres.
En d’autres termes, la question de l’emploi et de l’équilibre sur le marché du travail n’est pas résorbée encore.


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Le troisième graphique porte sur l’évolution des salaires pour l’ensemble des employés du secteur privé. Il n’y a en aucun cas de pressions susceptibles d’engendrer de l’inflation à un moment ou à un autre dans les prochains mois.


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En l’absence d’inflation et parce qu’il y a encore de nombreux déséquilibres à réduire, la Fed ne doit avoir la tentation de durcir le ton. Il faudra encore du temps, beaucoup de temps et le maintien d’une conjoncture favorable pour que la banque centrale américaine change de ton.

 

Cet article est paru sur le blog de Philippe Waechter.