Nous reprenons, avec son autorisation et en pièce jointe, l’intervention de François Lequiller, ancien responsable des comptes nationaux à l’INSEE, puis à l’OCDE, à un séminaire organisé en février 2017 par Kostat International Conference : « Adjusting GDP in time of globalisation? ».

Rappelons l’histoire, qui ne dit rien de bien glorieux sur l’organisation fiscale de l’Union européenne. Les trous dans la raquette y sont tellement nombreux qu’à la vérité il n’y a plus de raquette. L’Irlande a on le sait une fiscalité extrêmement agressive en matière corporate. Il en est résulté l’implantation de nombreuses multinationales qui y localisent leurs sièges sociaux pour leurs activités au sein de l’UE de façon à pouvoir y rapatrier le gros de leurs profits.

Conséquence : un afflux de revenus de la propriété qui gonfle étonnamment le revenu intérieur net du pays. Cela oblige l’Irlande – c’est bien le moins – à contribuer davantage au budget de l’UE. Tant qu’à faire d’être contraint à accroître leur revenu national, autant, ont pensé les statisticiens locaux (on espère qu’ils ont pris cette décision en toute indépendance) accroître le PIB, en y intégrant tous ces revenus de la propriété.

Du coup, l’INSEE locale vient de redresser le PIB de 2015, qui connaissait une croissance déjà généreuse de 7%, à 26,3%. They don’t go with the back of the spoon, dit-on en bon français.

Le document joint montre pourquoi il ne doit absolument en aller ainsi. Il nous entraîne dans les arcanes de la comptabilité nationale, un sujet d’intérêt pour les dirigeants financiers en entreprise, plus familier de comptabilité privée que nationale, même si les grands concepts restent évidemment les mêmes.