Le rebond du prix du pétrole en 2016 : les conséquences
Il y a environ un an le cours de l’or noir était passé en dessous des US$ 30, un plus bas en douze ans, après des plus hauts historiques au cours des cinq dernières années.
Courant 2015 et 2016, les économistes et les spécialistes du secteur pétrolier nous ont prédit, graphique et raisonnement à l’appui, que nous étions dans une période durable de baisse du pétrole : déséquilibre entre offre et demande, la fin de pétrole dans l’automobile avec les énergies de remplacement, la braderie des stocks excédentaires de pétrole dans une économie sans croissance, etc… Et voilà qu’un an après, le pétrole est reparti à la hausse avec un cours qui a plus que doublé en deux ans, voir le graphique ci-dessous publié dans Les Échos du 30 et 31 décembre. Même si cela n’est pas (peut-être encore) le signe d’une remontée spectaculaire, cela ressemble fort à un changement significatif dans les tendances moyen terme.
Rien n’a réellement changé d’un point de vue macro-économique durant l’année 2016. La Chine, grand utilisateur des industries fossiles, n’a pas vu sa production sensiblement augmenter, au contraire sa croissance se cale désormais en dessous de 7 %, légèrement au-delà des attentes, mais en deçà des années passées. L’Arabie saoudite [qui a probablement déclenché une baisse des prix pour contrer les États-Unis avec le gaz de schiste ou autre raisonnement politico-économique], comme la Russie, a continué de produire pour combler son déficit public, l’Iran de retour sur le marché augmente sa production, le Venezuela en crise économique profonde continue de produire comme d’autres pays d’Amérique du Sud,… Alors ? Est-ce la chute de la production du fait des puits de pétrole inutilisables et donc l’un arrêt d’un marché noir florissant en Irak ? Est-ce une spéculation rampante ? Est-elle durable ou passagère ? Est-ce tout simplement le fait que certains États dépendants de cette ressource ne peuvent survivre à une baisse de cette rente de situation, sans un endettement massif pour compenser le déficit budgétaire ?
Bien malin qui pouvait et peut encore prédire l’évolution du cours de l’or noir, à ce jour. Mais les malins d’hier vont revenir pour expliquer un changement d’alignement des planètes, n’en doutons pas ! L’accord de fin novembre de réduction de la production signé par l’Arabie, l’Iran et les Russes [connu depuis le deuxième trimestre] a, très probablement, eu un effet haussier identifié dès le deuxième trimestre 2016, mais cherchons maintenant plutôt à qui le crime profite ?
Le principal bénéficiaire, nous semble-t-il, sont les États-Unis. Gros consommateurs de pétrole, ils ont profité de la chute du prix du baril pour faire repartir leur croissance. Mais aussi et surtout, les Américains ont su restructurer leur industrie, passer en perte des milliards d’actifs, faire disparaitre les plus faibles ; en clair : profiter de l’orage pour nettoyer et repartir de plus belle, développer de nouvelles technologies d’extraction, serrer les coûts, concentrer le secteur… le point mort de certains puits est désormais passé de US$ 70 à US$ 40 ou US$ 50, qui devrait être renforcé par la baisse des impôts promise par D. Trump. L’industrie américaine d’extraction de schiste est maintenant de nouveau prête à tourner à plein régime ! Et malheureusement au détriment des aspects environnementaux, même si cette crise a aussi permis la recherche de nouvelles méthodes d’extraction.
Et, dommage pour nous, nous n’avons pas su réellement prendre les avantages d’un cours du pétrole ou de taux d’intérêt au plus bas [ces derniers repartent légèrement à la hausse], heureusement nous avons maintenant le raffermissement du dollar versus l’euro, mais pour combien de temps !