L’OFCE sort ses prévisions économiques pour la France sur les deux ans qui viennent. Voir « France : Croissance en héritage. Perspectives 2017-2019 pour l’économie française », Revue de l’OFCE, n°152, 2017.

Revenant sur la médiocre performance de croissance sur les années passées, les économistes de l’OFCE mettent le doigt sur un point majeur. Ce qui a péché, relativement à nos voisins de la zone euro, ce sont les très mauvais résultats du commerce extérieur, et au sein de ce commerce extérieur, des exports. C’est ce que montre le graphique suivant :

 

 

Il affiche la croissance du PIB et les contributions des composantes du PIB à cette croissance sur la période 2014-mi-2017, en mettant en regard, poste à poste, la France avec le reste de la zone euro. Le retard de croissance de la France sur la période est de 2,5 points. Ce n’est pas tant la consommation des ménages ou l’investissement qui sont en cause dans ce retard (la France s’offre même le « luxe » d’avoir connu un investissement des entreprises légèrement plus élevé que le reste de la zone). L’énorme différence tient aux exports qui ont pesé pour 4,6 points de croissance dans le retard français. La croissance ayant été plus faible, il ne faut pas s’étonner que les importations aient cru moins vite qu’à l’étranger.

 

L’OFCE commente :

Cette faiblesse des exportations françaises est d’autant plus surprenante qu’elle correspond à la période de baisse des prix du pétrole, de dépréciation de l’euro (dont les effets sont communs avec les autres pays de la zone euro) mais surtout de montée en charge des politiques d’offre mises en place sous le quinquennat de François Hollande. Avec pour objectif d’améliorer la compétitivité des entreprises (mais aussi l’emploi et les marges des entreprises), les décisions de politique économique ont entraîné une réduction de la fiscalité des entreprises d’environ 40 milliards d’euros sur la période 2014-2017 (CICE, Pacte de responsabilité, suramortissement fiscal pour l’investissement industriel, prime à l’embauche, …).

 

Comment expliquer cette inefficacité au regard des exports ? Les causes sont sans doute multiples, et il est possible que la politique de l’offre conduite par le gouvernement n’ait ses pleins effets qu’avec retard, mais l’OFCE pointe un phénomène frappant : la politique de l’offre a essentiellement contribué à améliorer les marges des entreprises, avec un gain de près de 5 points de valeur ajoutée de début 2014 à fin 2016. C’est ce que montre le graphique suivant :

 

 

L’OFCE commente :

Il semblerait que les exportateurs français aient fait le choix, à partir de 2014, de redresser leurs marges plutôt que de réduire les prix à l’exportation, bridant alors les exportations. Ce redressement spectaculaire apparaît comme une bouffée d’oxygène pour un secteur industriel asphyxié par plusieurs années de bilans dégradés.

 

En ajoutant cette note d’optimisme pour l’économie, un don du ciel pour l’actuel gouvernement.

Si le rétablissement des marges ne semble pas encore avoir porté ses fruits, l’amélioration des situations financières des exportateurs hexagonaux s’avère un atout pour l’avenir, qu’ils fassent le choix de réinvestir leurs marges dans la compétitivité hors-coût visant une montée en gamme des produits fabriqués en France, ou de les redéployer dans une baisse des prix afin de leur assurer des gains immédiats de compétitivité-prix et de parts de marché à l’exportation.

 

Cet article a été publié sur Vox-Fi le 7 février 2018.