Dans cet essai pédagogique et argumenté, le professeur Jacques Garello, économiste qui avait rédigé en 1995 le programme économique d’Alain Madelin alors candidat à la présidence de la république, démontre que la retraite par répartition a créé des déperditions et des inégalités criantes et qu’elle est aujourd’hui potentiellement en faillite. Selon lui, la seule solution qui nous reste pour sauver les retraites est de changer de système.

 

 

Les nouveaux retraités de la sphère privée découvrent des montants de pensions qui ne correspondent pas à ceux pour lesquels ils ont cotisé depuis plus de 40 ans. Les Français qui travaillent ont compris que leurs retraites  sont menacées et qu’il leur faut se préparer à cette situation en souscrivant une assurance vie ou en achetant à leur résidence principale, quitte à s’endetter lourdement. Est-ce vraiment la solution pour les jeunes générations ?

 

 

La retraite par répartition étant mécaniquement condamnée à s’amoindrir pour des raisons démographiques non anticipées, pourquoi refuser systématiquement d’ouvrir le débat de la retraite par capitalisation ? La raison principale, c’est que le système actuel arrange un certain nombre de personnes qui n’ont aucun intérêt à en changer :

 

 

– D’abord les gestionnaires de ce système : les syndicats et les personnes proches de ces syndicats. La gestion de la sécurité sociale et des retraites est, compte tenu des sommes en jeu, un moyen substantiel  pour les syndicats de se financer, dans des conditions opaques maintes fois dénoncées.

 

 

– Deuxième catégorie de personnes qui n’ont pas intérêt à changer le système actuel : toux ceux qui bénéficient des régimes spéciaux lesquels sont beaucoup plus nombreux qu’on l’imagine, avec de surcroît les privilèges de la fonction publique pour laquelle la retraite est déterminée de manière très avantageuse par rapport aux modes de calcul prévalant dans le privé.

 

 

– Troisième raison plus idéologique : l’on présente la retraite par répartition comme une victoire arrachée par les luttes sociales. A l’inverse, la capitalisation, c’est la finance, la bourse, le capitalisme, donc des gros mots !

 

 

Pour protéger une minorité agissante de personnes et pour se faire élire, on préfère se diriger vers un gouffre et une explosion du système. La dette sociale, y-compris les engagements de retraite de l’Etat constatés en hors-bilan, est aujourd’hui plus importante que la dette publique ! La Cour des comptes ne cesse d’alerter les pouvoirs publics sur l’impasse dans lequel le système actuel nous engage.

 

 

Les Français ont été baignés dans l’illusion de ce système, présenté comme juste et protecteur, par désinformation et par manque de transparence. Les bulletins de paye ne leur disent pas clairement les prélèvements qu’ils subissent, d’autant qu’il n’y a pas de part patronale ni de part salariale comme on le leur fait croire. Il y a là les prémices d’une confrontation entre les générations qui vont être flouées et l’Etat qui aura caché la poussière sous le tapis pendant des années, plutôt que de faire des réserves dans les périodes de prospérité, où les actifs étaient bien plus nombreux que les inactifs, et d’anticiper en temps voulu l’allongement de la durée de vie. Les hommes politiques refusent comme à l’habitude de voir à dix ou vingt ans. D’ici là, ils auront fait leur carrière et bénéficieront d’une retraite garantie par l’Etat. Après nous le déluge !

 

 

La morale de cette histoire, c’est « Aide-toi, le ciel t’aidera ». Cela signifie : constituez votre patrimoine pour sauver votre retraite. Encore faudrait-il que la constitution de ce patrimoine ne soit pas lourdement fiscalisé et qu’un véritable système de retraite par capitalisation fiscalement déductible soit mis en place dans notre pays. Les Français sont prêts à épargner pour leur retraite. Le succès des versements facultatifs sur les contrats Madelin (réservés aux travailleurs non salariés), sur les PERP (réservés aux salariés), sur  le régime Préfon-retraite (réservé aux fonctionnaires) et sur  les plans de retraite d’entreprise (article 83) le démontrent, avec d’ailleurs un engouement récent des Français pour ces systèmes par capitalisation témoignant de leur inquiétude grandissante.

 

 

Ces régimes peuvent être à cotisations définies ou à prestations définies. A titre d’illustration, la souscription par un travailleur indépendant d’un contrat d’épargne retraite Loi Madelin permet de connaître, pour chacun de ses versements, le montant de la rente viagère qu’il acquiert pour sa retraite, quelle que soit sa durée de vie. Il s’agit par ailleurs d’un produit souple avec nombre d’options sur la rente viagère (par exemple réversion possible en faveur du conjoint à hauteur de 150% ou 200% de la rente initiale). Encore faudrait-il mieux faire connaître ces produits et en élargir le champ d’application, notamment par augmentation de leur plafond de déductibilité fiscale.

 

 

La retraite par capitalisation est adoptée avec succès partout dans le monde. Les politiques français, de gauche comme de droite, refusent de voir la réalité en face. Ils se cachent derrière l’idéologie de la répartition alors que l’introduction d’une dose de capitalisation, à condition que ce ne soit pas un fromage pour les gérants de fonds,  serait plus avantageuse non seulement pour les futurs retraités mais aussi  pour l’économie française qui y trouverait une source de financement pour nos entreprises. On a tout essayé sauf … ce qui marche. Avis aux décideurs politiques !

 

Auteur : Jacques Garello
Éditions : du Libre Échange
broché, 144 pages
Prix : 12 €
ISBN : 979-1093166001