lamy_voxfi« Inviter les Français à regarder le monde tel qu’il est ; leur montrer que le monde est moins une menace qu’une chance ; les convaincre qu’ils ont tous les atouts à condition de briser le prisme à travers lequel ils lisent le monde et que briser ce prisme ne signifie pas renoncer aux spécificités et aux ambitions françaises, ni tourner le dos à l’égalité et à la justice sociale, bien au contraire. Tel est l’ambition de ce livre ».

Dans une première partie, Pascal Lamy partage sa grande expérience de la mondialisation avec ses caractéristiques, ses avantages et inconvénients et des stratégies mises en œuvre par de nombreux pays –y compris des pays développés- pour en profiter. Il introduit la notion de « made in the world » en citant l’exemple d’Apple qui fabrique ses composants en Asie, assemble ses produits en Chine avant, peut-être de relocaliser. Si le précariat salarié est une douloureuse réalité,  la réduction sans précédent de la pauvreté en est une autre !

Les deuxième et troisième parties analysent les blocages institutionnels, économiques, sociaux et discursifs européens et français et proposent des solutions avant de montrer les éléments positifs pour l’Europe en général et la France en particulier de cette mondialisation.

L’Europe dégage un excédent important dans le secteur industriel. Pourquoi ce qui est vrai pour l’Europe ne l’est-il pas pour la France ?

Le rapport biaisé que la France entretient avec le monde et dont elle se considère la victime est un alibi et un obstacle majeur aux initiatives nécessaires pour infléchir la course de ce monde. L’auteur réaffirme qu’il n’y a pas de contradiction entre l’ouverture au monde et la lutte contre les inégalités. Il n’y a pas de relation mécanique entre ouverture et dérégulation. Au contraire, une saine ouverture requiert une régulation appropriée. Or cette régulation sera multipolaire ou ne sera pas. La France y jouera son rôle…ou pas.

 

Si les efforts à faire sont importants, il ne faut pas oublier que les atouts français sont nombreux, en particulier une démographie dynamique, une productivité horaire parmi les plus élevées de l’OCDE, une position de leader mondial dans plusieurs secteurs clés tels que l’aérospatiale, la pharmacie et les transports et des infrastructures de grande qualité. Ajoutons la valeur de la marque « France » dans le monde qui se classe juste derrière les Etats-Unis et jusqu’à une date récente avant l’Allemagne.

 

Pascal Lamy rappelle aux Français que « seules les richesses peuvent être partagées » et qu’en économie n’existe pas de miracle, il n’y a que du travail, de la compétence, de l’initiative, de la créativité et de la performance. Le partage avant la production conduit à une impasse. Dans les pays qui réussissent le mieux à la fois en matière de vie et d’égalité, les partenaires sociaux savent dégager compromis et consensus pour produire mieux et plus. Le message social-démocrate est ici rappelé avec force.

 

Et de conclure  sur l’impérieuse nécessité du moteur franco-allemand pour surmonter les difficultés liées à la masse actuelle de l’Union européenne et faire valoir une vision européenne du monde dont les éléments sont clairs : la promotion de la paix, de la démocratie, des droits de l’homme ; le renoncement à toute prétention impériale, la volonté de n’agir par la force que dans un cadre préalablement défini par l’ONU. Vision idéaliste, peut-être, mais base commune pour faire prévaloir les valeurs et intérêts européens dans un monde multipolaire.

 

Auteur : Pascal Lamy
Éditions : Odile Jacob
broché, 280 pages
Prix : 17,90 €
ISBN : 978-2738129925