Le Graphique de la semaine

On sait, notamment depuis un très bon billet de Vox-Fi paru en 2011, qu’il y a beaucoup plus de naissances de bébés garçon que de bébé fille en Inde, comme dans pas mal de pays d’Asie, la Chine y compris. Le sex-ratio à la naissance (nombre de garçons sur nombre de filles) peut atteindre 1,20 dans certaines régions alors qu’il se situe naturellement à un niveau de 1,05 (et non de 1,00, le surcroît de naissances masculines étant compensé par une mortalité infantile naturellement plus grande chez les garçons que chez les filles, la nature étant bien faite). La situation se dégrade, l’arrivée des appareils d’échographie ayant très probablement joué leur rôle.

sex ratio

Le graphique ci-dessus, composé à partir des données OCDE de population entre 1950 et 2012, montre le caractère tendanciel de la dégradation. Par exemple, le sex-ratio entre 0 et 4 ans est passé de 1,06 dans les années 50 à 1,1 aujourd’hui en moyenne sur tout le territoire indien. Ce déséquilibre n’est pas trop un problème dans une population croissante, puisque l’appariement sur le « marché du mariage » peut quand même se réaliser, c’est-à-dire sans laisser trop d’hommes en jachère, à condition que l’écart d’âge au mariage entre hommes et femmes s’accroisse. Mais c’est moins le cas en Inde aujourd’hui avec une scolarisation et donc un temps d’étude plus grand chez les jeunes filles, qui repousse leur âge au mariage. De plus, il y a une forte baisse du taux de fécondité indien, d’où un ralentissement démographique : la croissance de la population, de 2,35% l’an autour des années 80, est passée à 1,05% en 2012. Il y a donc une tension très claire et croissante sur le marché du mariage. On ne peut plus si facilement marier les hommes d’une classe d’âge en appariant à des jeunes filles de classes d’âge plus jeunes et plus nombreuses. Certains sociologues relient ce phénomène à un accroissement des mariages où l’homme déroge en épousant une femme d’une caste inférieure, à des violences faites aux femmes en nombre accru, à un début de chute du montant de la dot (que paie la famille de la fiancée au futur couple ou à la famille du fiancé), etc.

Ce qui est certain, c’est que la variable démographique pèse d’un poids très lourd dans la compréhension d’une société