Non seulement l’inflation n’est pas de retour, mais, en dépit de la masse de liquidités déversées sur les marchés par les banques centrales, les derniers chiffres sur les masses monétaires ne sont pas rassurants. Le taux annuel de croissance de la masse monétaire M3 en zone euro a atteint en octobre son niveau le plus bas depuis 1981, ressortant à +0,3 %, après +1,8 % en septembre et + 2,6 % en août. La moyenne sur trois mois, sur la période août-octobre 2009, s’établit ainsi à +1,6 %, contre +2,5 % pour celle de juillet-septembre. Déjà en recul de 0,3 % en septembre, les prêts au secteur privé se sont contractés de 0,8 % le mois suivant. Les dépôts à court terme autres que ceux au jour le jour, en chute de 5,3 % en septembre, se sont effondrés de 7,2 % en octobre. M1 (billets, pièces et dépôts à vue) a crû de 11,8 % en octobre, à comparer à +12,8 % en septembre.

On constate donc que les agents économiques français semblent tétanisés par la situtation économique. En effet, les dépôts à vue, épargne de précaution, croissent à un rythme largement supérieur à 10 %, alors que les dépôts à court terme poursuivent leurs chutes. Si la consommation reste essoufflée, l’épargne n’augmente pas pour autant ce qui n’est pas nécessairement de bon augure pour l’année 2010. Où est l’argent ? La réponse est inquiétante car le taux de croissance de M3 baisse mois après mois pour se rapprocher du taux de croissance de l’économie. Enfin, si les grandes entreprises font abondamment appel aux marchés, force est de constater que les encours de prêts au secteur privé sont en régression. Question une fois encore : s’agit-il d’un attentisme ou d’une attitude réservée du secteur bancaire ? Enfin, ne peut-on craindre que cette monnaie « banque centrale » ne soit investie dans les marchés les entraînant de nouveau dans une bulle spéculative ? Le FMI et la BCE ont indiqué que la crise était stabilisée, mais que rien n’est encore sûr pour l’année prochaine. Certes !

Dominique Chesneau, vice-président du Comité scientifique de la DFCG