On connaît le conte de fées que nous racontent les banquiers français : ils nous prêtent tout l’argent qu’ils ont, et même un peu plus.

En fait, les prêts à l’économie représentent moins de la moitié de ce que font aujourd’hui les grandes banques : le reste, elles le placent sur les marchés, en se prêtant entre elles.

Et de temps en temps, on aperçoit le pot-aux-roses, comme il y a quelques mois. Brusquement, des fonds américains ont perdu confiance dans les banques européennes et ils ont réduit les crédits en dollars qu’ils leur faisaient. Les pires hurlements sont venus des banques françaises. Des esprits curieux se sont alors demandés pourquoi nos banques avaient besoin d’emprunter tant de dollars aux États-Unis? On a découvert à cette occasion que des banques françaises faisaient depuis quelques temps un drôle de métier : elles empruntaient massivement à ces fonds américains, pour re-prêter tout de suite ces dollars à d’AUTRES fonds américains. Bizarre, non ? Pourquoi un fonds américain A, qui peut emprunter directement à un fonds américain B, a-t-il besoin de passer par une banque française ? Ce ne peut pas être pour payer moins cher : A va au contraire payer PLUS cher, puisque la banque française va rajouter des coûts au passage. C’est donc tout bêtement que la banque américaine B ne veut pas prêter directement à sa collègue A : elle n’a pas assez confiance. Alors, elle chercher une banque française pour jouer les coupe-circuits.

Et là, il y a deux hypothèses, la première, c’est que la banque française est un si grand spécialiste des risques financiers américains, qu’elle les connaît mieux que le fonds américain B : elle a repéré que B avait tort de ne pas avoir confiance en A. Qui peut sérieusement y croire ?

La seconde hypothèse, c’est malheureusement que la banque française a moins froid aux yeux. Et là, cela nous concerne tous : parce que ce risque absurde de se prendre un court-circuit entre deux banques américaines, un risque qui ne rapporte strictement rien à l’économie française, c’est indirectement le contribuable français qui le garantit !

Une raison supplémentaire de demander aux grandes banques de choisir : ou elles prennent des risques sur l’économie réelle, elles se limitent à la banque de crédit et de dépôt, avec la garantie publique ; ou elles prennent des risques sur les marchés financiers, sans cette garantie.