Brèves n°2

 

Mesquin le Amazon ! Tous ces grands de la tech ont démarré petits, et dans leur jeunesse, s’en prenaient à cœur joie aux mastodontes qu’étaient les IBM, Microsoft, Hewlett-Packcard et autres. Ils allaient réveiller les gros Goliaths bien installés ; ils allaient contester leurs mœurs anti-concurrentielles ; ils allaient faire le bien. « Don’t do evil », disait Google.

Mais voilà. Les petits sont devenus gros. Amazon ne cesse d’user du bazooka judiciaire contre tout employé qui oserait quitter la compagnie. Le voici qui s’acharne sur un malheureux qui quitte le département de la communication où son job était de faire des slides pour les présentations publiques. Secret professionnel, dit Amazon devant le juge en agitant le « non-compete clause » de son contrat salarial. C’est vrai ça ! Il faisait des slides comme celui-ci (qui circule sur Twitter, avec pas mal de moqueries !) :

Quels secrets en effet ! L’employé démissionnaire part chez Google et Google a suffisamment les reins solides pour gérer placidement le procès. Mais quid de toutes les jeunes start-ups qui ont besoin de s’alimenter en talents bien formés. Où les trouver sinon chez les grands ? Les clauses anti-concurrentielles dans les contrats de travail sont la forme moderne du péonage ou indenture, quand on retient le passeport d’un travailleur migrant tant qu’il n’a pas fourni ses trois ans de travail. Pas joli.

FM

 

 

Virés par Zoom

C’est George Clooney dans la formidable “In the Air” qui sautait d’un avion à l’autre et d’une entreprise à l’autre pour y virer les salariés redondants. Il exécutait ça en cinq minutes, mais, geste touchant d’humanité, le faisait en tête à tête. Mais voici qu’une jeune collègue très ambitieuse du même cabinet propose un gain de productivité majeur : virer les gens par visio. Ce qui va mettre George… au chômage.

Eh bien, cette vision futuriste, Zoom le permet aujourd’hui, confinement aidant.

Weight Watchers a organisé son programme de licenciement en entretien Zoom individuel de trois minutes par personne, pas plus ! Boum sur le salarié !

Mais mieux, beaucoup mieux, Vroum ! Bird, la rugissante start-up des trottinettes, fait cela… par webinar : 406 de leurs salariés ont été convoqués à la régulière visioconférence que tient leur charismatique patron, un peu étonnés quand même de noter que la liste des participants était inhabituellement cachée. Et là, une slide apparait, et une voix féminine en off dit quelque chose à peine plus long que : « Ciao ! vous êtes tous virés. On a été heureux de vous avoir avec nous. Fin de la conférence. Je vous remercie ! ».

On s’interroge sur le moral de ceux qui reçoivent ce message. On s’interroge sur le moral de ceux qui restent dans la boîte.

FM

 

 

Attention dette !

Le FMI vient de mettre à jour son Global Financial Stability (juin 2020). Un graphique retient l’œil, et il n’est pas gentil pour la France. Il met en lien l’endettement privé des entreprises et des ménages et la prévision de croissance pour 2020 de différents pays. Embêtant de voir que la France s’en tire le plus mal de tous les pays représentés.

 

Mais, cette réserve étant faite, le graphique fait frémir. La France est le troisième des pays montrés sur le graphique en niveau d’endettement et le pays où le recul de la production sera le plus fort, avec l’Espagne et l’Italie.

On peut se rassurer, mais un tout petit peu, en observant que le chiffre de dettes est sans doute surestimé pour la France, comme nous l’avons déjà mentionné dans Vox-Fi, sachant qu’on ne prend que la dette au passif du bilan, sans corriger de la trésorerie à l’actif particulièrement abondante en France, selon certaines indications, et sans tenir compte que la France tient un record en matière de financement par dette de son immobilier d’entreprise. Il s’agit donc d’une dette relativement bien garantie pour autant que l’immobilier ne s’effondre pas.)

Probablement quand même quelques belles faillites en perspectives.

FM