Le graphique de la semaine est un tableau, tiré de la remarquable étude de Henri Sterdyniak, parue dans la Revue de l’OFCE en juillet 2015 et au titre évocateur : « La grande réforme fiscale, un mythe français ».

Le tableau indique les dépenses publiques de différents grands pays, en regard de celles de la France, à partir des sources de l’OCDE, ceci pour l’année 2012 et en pourcentage du PIB. Quelques constats en ressortent.

GRAF VOX

 

  1. Fait bien connu, la France bat les records en termes de dépenses publiques par rapport au PIB : 56,6% contre 44,7% en Allemagne et 50,1% en zone euro.
  2. En gros, la France est dans la norme en ce qui concerne les dépenses de fonctionnement (dans lesquelles curieusement l’OCDE met les charges d’intérêt, alors qu’en bonne comptabilité, il s’agit d’un poste financier qui dépend de la façon dont les administrations publiques se financent, par impôt ou par emprunt, mais pas de leur exploitation). Si on retranche les charges financières du budget de fonctionnement, le chiffre est resp. de : 7,2% pour la France, 6,3% pour l’Allemagne, 6,3% pour la zone euro, 7,3% pour le Royaume-Uni, et 8,6% pour les États-Unis. On aurait tendance à dire qu’il y a peut-être, du côté de la France, un point à gratter, en termes d’efficacité ; peut-être moins si on souhaite politiquement maintenir notre budget de défense nationale, peut-être plus si les autres pays ont eux-mêmes des gains à faire.
  3. L’écart porte donc sur les actions discrétionnaires et non régaliennes de l’État. En gros, pour être dans la norme de la zone euro (une zone extrêmement disparate), il faudrait réduire ces dépenses de l’ordre de 6 à 7 points de PIB, soit 120 à 140 Md€.
  4. Les grands postes qui composent cet écart de 6 à 7 points sont :
    • La protection sociale : 4 points,
    • L’éducation : 1 point
    • La santé : 1 point
    • Le logement : 1 point.
  5. Cela ne peut se faire que de deux façons :
    • Des choix sociaux différents ou
    • des gains d’efficacité dans ces dépenses.

Il est de la responsabilité des organes politiques de mettre sur la table chacun des postes de dépenses en distinguant le plus clairement possible ce qui relève d’un choix social politiquement assumé (par exemple, scolariser les enfants à compter de trois ans plutôt qu’à six comme en Allemagne) et d’une estimation des gains d’efficacité possibles (par exemple, l’aide au logement dont les effets pervers sont bien connus et qu’il est très probablement possible de réduire à efficacité sociale identique). C’est cette fonction qui n’est pas bien exercée en France. Comme l’exercice de la fonction politique fait aussi partie des services publics rendus par l’État, disons qu’il y a probablement des gains d’efficacité et de cout à y chercher également.