Le Blog a déjà rendu compte du débat sur les dérivés de crédit, ou CDS, portant notamment sur les CDS « secs » ou « nus » et leur rôle potentiellement déstabilisateur sur les marchés financiers. Voir : Retour sur les dérivés de crédit secs, du 5 octobre 2010.

On se fait ici l’écho d’un papier très intéressant paru sur le site Vox-eu et dont l’auteur est Carlos Tavares du CESR, le Comité européen des régulateurs des marchés financiers, dont par exemple l’AMF fait partie. Voir “The CDS-bond spreads debate through the lens of the regulator”, Vox-eu, 12 janvier 2011.

Sa thèse est mesurée : il ne faut pas interdire les CDS secs, il faut améliorer considérablement, notamment en Europe, le fonctionnement de ces marchés. Les interdire purement et simplement serait d’ailleurs impossible aujourd’hui tant qu’on n’a pas réduit l’opacité de ces marchés, qui reposent essentiellement sur du gré-à-gré. Il faut davantage de transparence et de marchés organisés.

Mais d’ores et déjà, ces marchés ne fonctionnent pas si mal que cela. A preuve, ces graphiques très intéressants. Ils comparent pour chacun des grands pays européens le prix du CDS à 5 ans sur l’obligation souveraine avec le spread de l’obligation à 5 ans elle-même. Pour calculer ce spread, l’auteur corrige une erreur fréquemment commise, qui consiste à comparer le taux de rendement du souverain avec le « taux sans risque » défini comme le taux sur le Bund, l’obligation d’État allemande. Mais, toute Allemagne soit-elle, ses emprunts ne sont pas dénués de risque. Il faut donc prendre comme référence le taux de rendement du Bund, moins le prix du CDS allemand, qui n’a jamais été nul sur la période et qui mesure à peu près ce risque. Comme on le voit, la correspondance est très forte, sauf peut-être sur la France.
Figure 1. CDS spreads and bond spreads
(GR = Germany, IE = Ireland, FR = France, BE = Belgium, NL = Netherlands, ES = Spain, IT = Italy).