Les subventions explicites et implicites aux énergies fossiles
On sait devoir taxer les énergies fossiles pour que leurs prix reflètent mieux le dommage environnemental et de santé publique qu’elles entrainent. La réalité est qu’elles sont subventionnées : subventionnées explicitement quand le gouvernement aide budgétairement leur usage ; implicitement en prenant le problème à l’envers quand les États omettent de prendre en compte leurs coûts environnementaux et humains. Le FMI sort une étude intéressante à ce sujet avec deux graphiques qui retiennent l’œil.
Le premier mesure le montant de cette subvention par zone géographique. Pour son calcul, les auteurs établissent le prix « efficient » des diverses énergies fossiles (charbon, gaz, essence et diesel), à savoir le prix qui devrait prévaloir si l’on prenait en compte le coût en matière de CO2, de particules fines et d’autres types de pollution qu’ils entrainent. On déduit du prix efficient le prix effectif hors aides budgétaires directes, pour avoir la mesure de l’élément subvention. Le graphique permet de voir le poids de l’Asie, et surtout de la Chine, dans cette subvention aux dommages créés par les énergies fossiles.
Cela représente au total 5,9 Tr$ en 2020, soit 6,8 % du PIB mondial. La tendance va vers les 7,4 % du PIB mondial en 2025, en raison du poids croissant des pays émergents dans la tendance globale.
Si on décompose cette sous-tarification selon les dommages subis, c’est la pollution de l’air qui vient en tête (42 %), suivi par l’impact du réchauffement climatique (29 %). Les subventions explicites et taxes auxquelles les États renoncent s’élèvent à 14 %.
Inutile de dire, mais disons-le quand même, qu’on est ainsi complètement hors route de l’objectif de COP 21 de contenir la hausse de température à +1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle en 2050. Le graphique qui suit montre la tendance actuelle (pointillés gris), la tendance si les engagements pris par les pays au titre de l’Accord de Paris, sont bien observés (pointillés orange) et ce qu’il en serait si la tarification « efficiente » au sens défini plus haut était appliquée.
Comme toujours, ce type de message provoque soit démoralisation (le 1,5°C est un doux rêve), soit stimulation (il faut cravacher et balayer au plus vite tout cet appui financier au monde CO2).