Les systèmes de paiement rapide et la monnaie numérique des banques centrales vont-ils coexister ?

Les clients de la Société Générale et d’autres banques ont noté que les virements instantanés de compte à compte devenaient gratuits. Cela fait quinze ans que la chose est possible dans un pays comme le Chili.
Ce mode de paiement, dit système de paiement rapide ou SPR, est promis à une place importante dans les transactions des particuliers. C’est surtout le cas dans les pays les moins avancés qui ont moins la tradition des paiements par chèque ou par carte de paiement. Par exemple, le système Pix au Brésil est maintenant utilisé par plus de 90 % des adultes du pays. Le chiffre est de 85 % pour PromptPay en Thaïlande. Le système UPI en Inde est un succès phénoménal. De l’ordre de 120 pays ont ainsi un SPR en place.
Par comparaison, les projets de monnaie numérique de banque centrale (MNBC) prennent du retard. Seuls trois pays en ont mis un en place à ce jour, le Nigeria – qui dispose aussi d’un SPR –, les Bahamas et la Jamaïque. Voir la carte tirée d’un papier de la Banque des règlements internationaux qui fait le point sur ces deux modes de paiement. La thèse de l’article : les deux systèmes sont hautement complémentaires, de sorte que le succès des SPR ne signifie en rien, selon la BRI, la fin du MNBC.
Quelle différence entre SPR et MNBC ? La MNBC permet aux utilisateurs de se payer les uns les autres en utilisant une créance directe sur la banque centrale. Il s’agit donc d’une forme de monnaie de banque centrale – comme l’argent liquide, pièces et billets de tous les jours. Le SPR opère par transfert de monnaie privée (par exemple de la monnaie de banque commerciale ou de la monnaie électronique).
L’article rapporte les résultats d’une interview d’un grand nombre de banques centrales sur les avantages – et donc les chances – comparés des deux systèmes. Pour citer :
Les motivations [pour disposer] de MNBC et de SPR sont aussi variées que les mandats politiques des banques centrales et les conditions locales des juridictions du monde entier. Il existe cependant des points communs. Dans l’ensemble, les motivations les plus courantes citées par les banques centrales interrogées pour émettre des CBDC de détail sont (i) l’accroissement de l’inclusion financière, (ii) l’amélioration de la rentabilité et de la rapidité des systèmes de paiement nationaux actuels, (iii) la sauvegarde de la stabilité financière, (iv) la préservation du rôle d’ancrage monétaire de la monnaie de banque centrale et (v) la contribution à la sécurité et à la robustesse des paiements. Les principales motivations mentionnées par les personnes interrogées pour la construction d’un SFP sont (i) l’amélioration de la rapidité des transactions, (ii) la promotion de la sécurité et de l’efficacité des systèmes de paiement nationaux et transfrontaliers, (iiI) l’accroissement de l’inclusion financière et (iv) la promotion de la concurrence.
En clair, la zone de recouvrement est très large. Ne subsistent comme différences que la stabilité financière et la sécurité, puisqu’une banque centrale ne peut pas faire défaut, et en second lieu l’ancrage dans une monnaie qui soit analogue au numéraire et aux billets physiques mais sous forme numérique, ceci au cas où les espèces viendraient à disparaître. Ce dernier point a son importance car il donne à la banque centrale une mainmise plus forte sur la masse monétaire et in fine sur l’inflation.
Mais on peut se poser la question : si le SPR est si commode et connaît des améliorations techniques constantes, les projets de MNBC ont-ils encore la possibilité de voir le jour ?
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