L’intelligence artificielle (IA) devrait avoir un impact majeur sur le travail des DAF. Elle peut aider les DAF à automatiser les tâches banales, telles que la saisie et l’analyse des données, libérant ainsi du temps pour des tâches plus stratégiques. L’IA peut également aider les DAF à prendre des décisions plus éclairées en fournissant un aperçu en temps réel des données financières.

Ainsi, les crypto-monnaies peuvent potentiellement aider les directeurs financiers de plusieurs façons. Par exemple, l’utilisation de la crypto-monnaie peut rendre le transfert de fonds plus facile et plus rapide, ce qui peut rationaliser les opérations financières et réduire les coûts de transaction. En outre, les crypto-monnaies peuvent fournir une méthode sûre et transparente pour suivre et vérifier les transactions financières, ce qui peut améliorer la précision et la fiabilité globales des rapports financiers.

Stop ! On s’arrête là ! Voici un début d’article de Vox-Fi tout à fait potable. Certains d’entre vous, chers lecteurs, diront peut-être qu’il est plutôt de meilleure qualité que ce qui sort habituellement de la plume de vos chroniqueurs favoris de ce média.

Eh bien, il provient de ChatGPT, ce logiciel d’intelligence artificielle de la société OpenAI, filiale de Google, traduit ensuite en français par le logiciel allemand Deepl, qui a noué une partenariat avec Microsoft. La question posée était : « Comment l’AI va-t-elle affecter les métiers du directeur financier ? » (J’ai simplement rajouté le « ainsi » souligné pour faire la liaison avec une autre question sur les cryptos et le métier de directeur financier.)

À la vérité, le texte ci-dessus n’est pas ébouriffant. Vox-Fi a publié récemment un article sur le rôle futur de la blockchain dans les directions financières ; la DFCG y a consacré un Cahier technique entier, et le lecteur jugera sereinement. Mais la technologie est encore jeune, guère plus de 15 ans, et s’améliore visiblement d’année en année. (Sur la puissance et la méthodologie suivi par ces logiciels comme ChatGPT ou Deepl, voir la formidable vidéo de Science étonnante, un site incontournable pour les amateurs de science.)

La question provocatrice du titre est bien sûr exagérée, mais n’est pas illégitime. ChatGPT peut déjà aider dans la recherche bibliographique pour les journalistes, peut déjà écrire des résumés d’articles (et permettre aux plateformes type Facebook de produire du rédactionnel à partir d’articles de presse sans acquitter aucun droit) ; il peut aider les fabricants à rédiger des brochures commerciales multilingues, etc. ChatGPT peut directement expliciter en langue parlée les instructions qui figurent dans un programme Python ; il peut commencer à écrire du code à partir de langage parlé s’il est bien spécifié. Deepl peut transformer durablement la direction de la traduction de la Commission européenne qui aujourd’hui compte 2.300 personnes.

On se doute que pas mal de ces emplois qualifiés vont être remis en cause.

Au fond, nous avions vécu plusieurs décennies où l’innovation frappait en plein cœur des métiers, en général non ou peu qualifiés, liés à la manufacture ou aux tâches simples de bureau. Désormais, seront touchées des professions intellectuelles, liés à la connaissance et nécessitant de nombreuses années d’éducation supérieure. Y compris au sein des directions financières qui ont déjà assisté à une hémorragie de leurs effectifs dans certaines fonctions comme la comptabilité générale, la facturation ou la gestion des comptes clients.

Sommes-nous alors en train de rouvrir le débat sur les robots qui vont tuer les emplois et conduire au chômage de masse ? Très probablement, il en ira demain comme il en a toujours été : l’innovation tue des emplois en même temps qu’elle en crée. Le choc, pourtant gigantesque, de la robotisation de l’industrie manufacturière après tout n’a pas créé de chômage de masse. Le graphique qui suit, tiré d’un article de Paul Krugman sur le même sujet, montre en bleu les progrès inexorables de la productivité horaire du travail sur les 70 dernières années aux États-Unis. Elle n’a en aucun cas, au-delà des chocs conjoncturels, eu d’effet significatif sur le taux de chômage.

Il pourrait même y avoir, autre sujet, une revanche des métiers non intellectuel où un bon BEP de boulangerie et pâtisserie vaudra plus qu’un BAC+5 en sciences de gestion.

Dernière question, l’IA rédactionnel pourra-t-elle un jour passer un cap et écrire des romans ou des poèmes capables de passer la rampe du jury du Goncourt ? Je n’en sais rien, mais, par curiosité, voici deux autres questions que j’ai posées à ChatGPT :

Q : Proust est-il un écrivain plus célèbre que James Joyce ?

R : Oui, Marcel Proust est généralement considéré comme plus célèbre que James Joyce. Le roman de Proust À la recherche du temps perdu est largement considéré comme l’une des plus grandes œuvres littéraires du 20e siècle, tandis que l’Ulysse de Joyce est considéré comme un chef-d’œuvre moderniste.

Flatteur pour notre orgueil national, Proust est plus célèbre. Le logiciel prend position dans le match entre ces deux géants littéraires. Mais je pose maintenant une question plus qualitative, et vois alors le logiciel d’une prudence de loup et commencer à parler la langue de bois, pardon, la langue de circuit intégré.

Q : Proust est-il un meilleur écrivain que James Joyce ?

R : Il s’agit d’une question subjective et il n’y a pas de réponse définitive. Proust et Joyce sont tous deux considérés comme deux des plus grands écrivains du 20e siècle, et leurs œuvres ont eu un impact durable sur la littérature.

 

Cet article a été publié sur Vox-Fi le 22 décembre 2022.