Le travail non déclaré ou dissimulé reste un phénomène non négligeable, y compris dans les économies les plus avancées. Du côté de l’offre, 4,6 % des individus de la zone euro déclarent avoir eu recours au travail non déclaré au cours de l’année 2013, ceci d’après un sondage Eurobaromètre. Du côté de la demande, 7,3 % des ménages déclarent avoir payé des services à la personne non déclarés. Ceci en se limitant aux activités légales.

 

Le graphique qui suit présente les motifs qui poussent les gens à dissimuler leur travail aux yeux des autorités fiscales, administratives ou sociales. Il est tiré d’une étude de deux chercheurs, Laila AitBihiOuali et Olivier Bargain, publiée dans le dernier numéro de la revue Économie et Statistique, à partir de deux enquêtes conduites l’une par l’INSEE l’autre par Eurostat sur le phénomène.

Dans la majorité des cas, disent les auteurs :

Les personnes qui effectuent du travail dissimulé occupent un emploi (déclaré) à temps complet : 78 % des individus ayant connu un épisode de travail dissimulé travaillent au moins 35 heures par semaine. Le travail non déclaré en France apparaît ainsi en première approche plutôt comme une activité d’appoint.

On retrouve bien cela dans les réponses au motif qui explique le recours au travail dissimulé (sur le graphique, les colonnes en trait plein se réfèrent aux fraudeurs ; en hachuré aux non-fraudeurs). Le travail dissimulé est un travail d’appoint. Le second facteur important est le fait de ne pas trouver de travail déclaré, ce qui fait référence probablement au secteur des services d’hôtellerie et de restauration, avec forte présence de travailleurs immigrés.

 

Comment la France se compare-t-elle aux autres grands pays de l’UE ? Le second graphique présente à la fois la taille de l’économie souterraine en part du PIB[1] (donc couvrant normalement tant les activités légales que délictueuses), l’offre de travail dissimulé et la demande de services à la personne (SAP) non déclaré.

 

La France se positionne au bas de l’échelle en matière d’économie souterraine, mais, s’agissant des enquêtes, se situe une fois de plus à mi-chemin entre l’Europe du nord et l’Europe du sud. Avec une exception importante et surprenante : la Scandinavie, et surtout le Danemark, ont des taux de travail non déclaré très importants.

 

 

[1] On sait que les comptes nationaux (normes internationales) font depuis 2018 toute leur part aux activités illicites, drogue, prostitution, etc. La source de 2013 est donc probablement biaisé à la baisse.