On recrute trop à l’extérieur, pas assez à l’intérieur
Voici, d’après un excellent papier de la Harvard Business Review (mai-juin 2019), les origines des recrutements de salariés par les entreprises aux États-Unis (d’après les bases de données LinkedIn).
L’auteur de l’article, Peter Cappelli, est obligé de faire le constat : recruter à l’extérieur est coûteux, voire très coûteux, et ne conduit pas nécessairement à de meilleures recrues, voire de moins bonnes. Mais cela, les entreprises l’ignorent souvent, pour une autre raison majeure que souligne le papier : les entreprises ne surveillent pas la qualité de leur recrutement, en regardant a posteriori comment se débrouillent leurs nouvelles recrues. Ce qui l’oblige à dire dans son titre : Your Approach to Hiring Is All Wrong.
Ne pas recruter en interne est souvent le résultat d’un biais insidieux. Les managers d’une équipe ou d’une division au sein d’un grand groupe préfèrent garder leurs bons employés. De la sorte, ils font tout pour ne pas rendre publiques les possibilités de promotion interne. Il y a une perte d’opportunité double pour l’entreprise, si jamais le salarié va chercher sa promotion à l’extérieur. D’où une recommandation première : rendre publics tous les jobs disponibles ou qui vont être disponibles dans l’entreprise.
À recruter à l’extérieur, on met du sang neuf, dit-on. Comme si le sang se dégradait à travailler dans la boîte. Et ce sang neuf coûte cher, à la fois en frais de recrutement, en hausse de salaire, en contagion sur les salaires des salariés présents dans l’entreprise, en démoralisation des salariés en place, et enfin en efficacité, certaines enquêtes jetant un fort doute sur la réussite de ces nouveaux venus dans l’entreprise.
Le bond salarial peut être important dans une recherche externe. L’histoire suivante est rigolote : un chasseur de tête cherchait à recruter Harold Demsetz, un économiste célèbre, pour le compte d’une autre université. Le chasseur demande : « Vous êtes heureux là où vous êtes ? » Demsetz lui répond : « Allez-y, rendez-moi malheureux ! »
L’article est un « must read » par tout DRH. Il donne tout un tas de tuyaux de bon sens pour améliorer le processus de recrutement. Des gains faciles.
Cet article a été publié sur Vox-Fi le 19 juin 2019.