Petite remarque sur la dette grecque
La dette grecque est « insoutenable », à ce qu’on entend. Le débat semble s’orienter vers le choix entre une remise sur le principal de la dette (de 100 Md€ glisse Mathieu Pigasse, de la banque Lazard, conseil du nouveau gouvernement Tsipras) ou bien des concessions nouvelles sur le différé de remboursement d’emprunt ou le taux d’intérêt, c’est-à-dire sur le service de
la dette, mais pas son montant.
Ce petit post pour signaler ce que les trésoriers d’entreprise savent bien : la négociation serait bien plus aisée si jamais les taux d’intérêt étaient « normaux », c’est-à-dire beaucoup plus élevés qu’aujourd’hui. Parce qu’une baisse du service de la dette (intérêts et prolongement) agit exactement comme une remise sur le principal. Quand les taux sont élevés, cet impact est important ; quand ils sont bas, l’impact est modeste. Malheureusement pour la négociation, ils sont bas.
Pour prendre des chiffres, si l’emprunt est de 100 et remboursable in fine au bout de 15 ans, avec un taux d’intérêt de 8%, accepter un différé de l’emprunt de 10 ans (principal et coupons) signifie une remise de dette de 54% !
Si le taux d’intérêt est de 2% (et la troïka a déjà accepté une première décote sur le taux), le même différé ne représente qu’une remise de 18%. Et différer encore de 10 ans, le coupon n’étant payable qu’entre la 21ème et la 35ème années, ne rapporte qu’une décote supplémentaire de 14%. C’est peu, du moins aux yeux du gouvernement grec.
Au bout d’un temps néanmoins, la proposition devient intéressante, même si le gain actuariel supplémentaire est négligeable. Parce qu’alors la dette grecque devient comme un emprunt perpétuel, mais à taux nul ! Une espèce financière intéressante.