Pour la troisième année consécutive, c’est-à-dire depuis 2016, je me suis rendue à Viva Tech pour découvrir les nouvelles start-up technologiques. Elles étaient venues du monde entier pour présenter leurs activités aux investisseurs potentiels et au grand public.

 

Quelques mots sur Viva Tech

Viva Technology, ou Viva Tech, est le salon consacré à l’innovation technologique et aux start-up, créé en 2016. Il se tient annuellement au Paris Expo Porte de Versailles, à Paris et il est organisé par les groupes Les Échos et Publicis. Il bénéficie d’une vogue croissante, 45 000 visiteurs en 2016, plus de 60 000 en 2017 et cette année (25 au 27 mai 2018) plus de 100 000 personnes représentant plus de 125 nationalités.  Ces trois jours dédiés à la technologie et à l’innovation ont vu la présence de plus de 400 speakers, plus de 9 000 start-up et plus de 1 900 journalistes internationaux.

 

Viva Tech 2018, un succès sans précédent

Le succès de cette année s’explique bien sûr par la place croissante des innovations technologiques dans le monde actuel,  mais aussi par l’initiative présidentielle, à la veille du salon, d’inviter à l’Elysée un grand nombre de  dirigeants « de l’écosystème numérique mondial » pour un déjeuner de travail et des entretiens dans le cadre du Sommet Tech For Good, l’objectif étant d’échanger sur la contribution de la technologie au service du bien commun.

Citons notamment Mark Zuckerberg, le PDG de Facebook, Satya Nadella, CEO de Microsoft, Dara Khosrowshahi, CEO d’Uber,  Virginia Rometty, PDG d’IBM, et plusieurs dirigeants de groupes et start-ups français, tels que Paul Hermelin, PDG de Capgemini, Stéphane Richard, PDG d’Orange, Ludovic Le Moan, PDG de Sigfox, ou Frédéric Mazella, fondateur de Blablacar, Octave Klaba, fondateur d’OVH, ou encore Eric Léandri, président et co-fondateur de Qwant. La plupart de ces personnalités sont intervenues dans le cadre du salon sous la forme de conférences.

Plus de 400 conférences ont été organisées pendant les trois jours du salon,  avec notamment de prestigieux orateurs, dont, outre ceux précités, Stewart Butterfield, PDG de Slack, Frédéric Mazzella, président de BlaBlaCar, Bernard Arnault, PDG de LVMH ou encore Patrice Caine, PDG de Thales.

En outre, cette année le salon s’est engagé dans des thématiques concernant l’environnement professionnel et le futur du monde de travail:  le management de la sécurité dans l’espace de travail, les risques et les opportunités de l’intelligence artificielle, les nouvelles stratégies de recrutement, les défis imposés par la Génération Z aux entreprises, attirant ainsi  plus de 18 000 jeunes à la recherche d’opportunités de recrutement, d’apprentissage ou de découverte des nouvelles réalités. Les visiteurs avaient accès à Talent Connect, un « jobboard » recensant plus de 400 offres d’emploi dans la Tech.

 

De nombreuses animations ont émaillé ce salon : des produits présentés en avant-première mondiale, un espace de 150 mètres carrés dédié à des expériences exclusives en réalité virtuelle, des véhicules autonomes à découvrir et essayer et des ateliers et conférences dédiés au développement de l’entrepreneuriat féminin.

Un concours organisé en partenariat avec le site américain TechCrunch récompensant les start-up européennes les plus prometteuses. Les cinq finalistes étaient : Glowee, IOV, Mapify, Wakeo et Wingly. Wingly, plateforme de partage entre pilotes privés et passagers  été finalement désigné comme grand vainqueur par le panel des juges compose de Brent Hoberman (Founders Factory), Liron Azrielant (Meron Capital), Keld van Schreven (KR1), Roxanne Varza (Station F), Yann de Vries (Atomico) et Matthew Panzarino (TechCrunch).

Pour la troisième année était également organisé  le « LVMH Innovation Award ». Le vainqueur en a été la startup Oyst, co-fondée en janvier 2016 par Julien Foussard et Quentin Vigneau, qui répond à une problématique importante et de plus en plus récurrente du secteur du retail : le taux de conversion. Oyst est en effet partie du constat que le taux de conversion dans le secteur du e-commerce était beaucoup trop bas en comparaison à celui des boutiques physiques (environ 2 % contre 55%), en raison notamment de la complexité des parcours d’achat imposés aux utilisateurs. Julien Foussard a donc eu l’idée de réduire les 8 étapes communément proposées au client pour finaliser son achat en ligne, à une seule grâce à un bouton de commande accessible en un clic, sur toutes les pages des sites e-commerçants, sans avoir à saisir systématiquement un identifiant. Deux mentions spéciales ont également été attribuées aux startups VeChain, qui développe un écosystème blockchain de mise en commun d’informations pour que chacun puisse vérifier l’authenticité d’un produit, et Kronos Care, qui réinvente l’expérience post-achat avec sa solution omnicanale destinée aux marques et retailers.

 

Mon vécu de Viva Tech

Les tarifs des 25 et 26 mai étant essentiellement à la mesure des budgets des investisseurs, je me suis limitée à la visite du 27 mai, ouverte au grand public pour la modique somme de 10 euros. Évidemment, il y avait foule sur le parvis du Palais ce samedi matin dès l’ouverture à 9 heures ! Et les jeunes visiteurs venaient aussi avec leurs parents, découvrir les futurs robots qui feront d’ici peu partie de leur vie quotidienne.

 

 

Mais les points particulièrement frappants, selon moi, étaient cette année :

  • la relation entre les jeunes pousses et grands groupes, chacun des grands groupes présentant sur son stand un certain nombre de start-ups qu’il accompagne, à des niveaux divers (financiers et/ou stratégiques). Parmi les partenaires figurent Airbus, BNP Paribas, La Poste, LVMH (propriétaire des « Echos »), Sanofi, Thales, Microsoft, Salesforce, SAP, Vinci ou encore Volkswagen, ainsi que des grands noms de la tech mondiale comme Alibaba, Cisco, Facebook, Google, IBM, Lenovo, Orange et Tencent.
  • La mise en avant des éco-systèmes régionaux, par des stands regroupant les start-ups, respectivement des régions Auvergne Rhône-Alpes, Bourgogne Franche-Comté, Centre Val de Loire, Paris-Région Ile de France, Sud Provence-Alpes Côte d’Azur.
  • l’accent sur le développement des technologies en Afrique. Plus de 100 start-ups parmi les plus prometteuses du continent étaient présentes cette année. Un stand de l’AFD (Agence Française de développement) organisait de nombreuses conférences sur ces sujets et un stand entier mettait à l’honneur le Rwanda, un pays d’Afrique centrale particulièrement dynamique en termes économiques, dont le Président Paul Kagamé avait été reçu la veille à l’Élysée.

Quelques photos prises par mes soins viennent illustrer ces trois constats.

 

Les grandes nouveautés remarquées au cours du salon

La volonté a été affirmée par le gouvernement et relayée par le Secrétaire d’Etat au numérique, Mounir Mahjoubi, de faciliter le financement des sociétés innovantes, notamment avec

  • un plafond de financement par crowdfunding passant de 2,5 M€ à 8M€
  • un tiers du fonds industriel d’innovation (soit un montant de 70 M€ /an) dédié aux start-ups

L’intelligence artificielle aura été l’une des technologies au cœur du salon Viva Technologies 2018. Tous les exposants et conférenciers du salon ont mis l’accent sur la démystification, avec le désir de rassurer les salariés et les entreprises : L’IA ne va prendre la place de l’humain dans le monde du travail, mais au contraire devenir complémentaire de l’intelligence humaine et permettre à tous les secteurs de faciliter leurs métiers et de se concentrer sur des tâches à forte valeur ajoutée.

Sans prétention d’exhaustivité, le rôle de l’IA et les innovations qui l’accompagnent sont notamment remarquables dans les secteurs suivants, qui étaient largement en vedette au salon Viva Tech :

  • la réalité virtuelle appliquée à l’histoire avec la visite de lieux inaccessibles (citons Histovery, Rendr et Timescope).
  • Les robots interactifs : Snips qui vise à concurrencer Alexa, le robot virtuel d’Amazon et la jolie « Alice » de 1m55 et 40 kg, produite à Limoges par Cyberdroïd, qui vous prend la main ou vous suit, ou encore Cozmo le petit robot conçu spécialement pour les enfants.
  • La mobilité, en particulier en zone urbaine : Ujet, le scooter futuriste luxembourgeois, Navya avec son taxi autonome, les systèmes embarqués de Valeo, mais aussi un service comme Faciligo, souus l’égide de la MAIF et de la SNCF, réseau social d’entraide entre les voyageurs, qui met en relations accompagnants et accompagnés, soit en ville soit en déplacement extérieur. Compte tenu de l’explosion du nombre de seniors, il peut s’agir d’une idée à haut potentiel de croissance.
  • La santé, avec de très nombreuses applications d’aide au diagnostic (citons Damae, le diagnostic sans biopsie, quelques applications qui détectent le stress et surtout les applications du continent africain dont nous parlons plus loin).
  • L’alimentation, notamment avec Epicery, Meet my Mamma.
  • La mode avec AB Tasty et diverses start-ups sous l’égide de LVMH.
  • Le recrutement, avec Clustree et les forums précités.
  • Mais aussi l’agriculture avec de 100 start-ups proposant des solutions pour l’Ag-Tech
  • Etc.

 

La liste complète des exposants se trouve sur https://vivatechnology.com/the-big-list/

Nous accorderons une mention particulière à l’Afrique, continent longtemps laissé en déshérence par les entrepreneurs et investisseurs et où se sont développés, avec le concours de Facebook, Barclays et le groupe sud-africain MTN, plus de 400 incubateurs accélérateurs et pépinières, au Nigéria, Ghana, Kenya, Tanzanie et Ouganda.

Six start-ups, présentes à Viva Tech ont été saluées par la presse : OMG Digital (Ghana, media) Teheca (Ghana, santé) Pezesha (Kenya, PME précaires), Tango TV (Tanzanie Videos), Okadabooks (Nigéria auto-edition sur modèle Amazon) et Thrive Agric (Nigeria – soutien aux paysans).

De nombreux créneaux restent à occuper dans les pays d’Afrique francophone, et nous espérons que, grâce à son avantage linguistique, la France saura les occuper à l’avenir… Peut-être pour Viva Tech 2019 ? Nous vous y donnons rendez-vous du 16 au 18 mai prochains.